Si Francesco Gemelli s’est montré, ces dernières années, particulièrement actif en tant que graphiste, réalisant de nombreux artworks, notamment pour le label I, Voidhanger Records (Midnight Odyssey, Woebegone Obscured, Spectral Lore, etc.), il a en revanche laissé en jachère son activité de musicien dont la dernière trace remonte à onze ans et ce "Idolatriae" qui semblait vouloir être l’unique signe de mort de Eidulon, son jardin secret.
Et alors que nous ne l’attendions plus, l’Italien a finalement décidé de réveiller ce projet, de l’extraire des limbes qui lui étaient promises. Tardive seconde exploration sonore, "Combustioni" incarne cette renaissance, derelict oppressant dont les tentaculaires ramifications s’enfoncent dans le substrat strident d’un dark ambient autoritaire et industriel. Pour l’aider à matérialiser ce qui le hante, ces visions de cauchemars, ces paysages ravagés, ce reflux d’émotions grouillantes, Francesco a convié plusieurs invités dont les noms ne peuvent qu’évoquer des images effroyables, sombres ou belles à pleurer, voire les deux à la fois. Nordvargr, Caul, Luca Soi (Void Of Silence et ex Arcania Coalestia) et Kammarheit peuplent ainsi ces pulsations auxquelles ils font plus qu’injecter leur griffe mais qu’ils façonnent dans leur chair, imprimant en profondeur leur empreinte respective. Il en résulte une œuvre aux multiples visages selon qui la peint, en un retable vicié dont les pans, bien que différents les uns des autres, une fois ouverts, aboutissent à un tableau terrifiant et homogène, qui ne peut au final être découpé. C’est dans son entièreté à la fois agonisante et martiale que "Combustioni" prend toute sa démesure souterraine, sa force reptilienne. A l’épandage désincarné que répand le maître de cérémonie se greffent tour à tour les morsures agressives de Nordvagr (‘A Shimmer In The Void’, ‘The Hierrachy Of The Inner Planes’), les soundscapes hantés de Kammarheit (‘Averni Flammas Transivi’) ou le chant puissamment émotionnel de Luca Soi (le bouleversant ‘Immanence’, sans doute le chef-d’œuvre de l’album). Ces individualités fusionnent en un agrégat fourmillant de sonorités ferrugineuses et proliférantes, d’une myriade de bruits aussi envoûtants que dissonants qui lèchent telle une lèpre corrosive les rivages maladifs de cette terre secouée dans ses entrailles par une créature tellurique. Bloc suintant une décrépitude mortifère, "Combustioni" exhale un souffle malsain mais derrière l'horreur aliénée ('Grande Rosso') est tapie, dans l'ombre, une beauté funéraire et enveloppante qu'accouchent ces aplats à la fois sévères et pulsatifs. L'opus a quelque chose d'un abîme sans fin, plongée sans espoir de retour dans les sinuosités ténébreuses de l'âme humaine... Sa réussite est telle qu'on ne peut que pardonner à son créateur son si long silence. A voir maintenant si Eidulon va s'endormir à nouveau... Mais cette rareté ne le rend en définitive que plus précieux. (28/11/2018 | Music Waves)
Et alors que nous ne l’attendions plus, l’Italien a finalement décidé de réveiller ce projet, de l’extraire des limbes qui lui étaient promises. Tardive seconde exploration sonore, "Combustioni" incarne cette renaissance, derelict oppressant dont les tentaculaires ramifications s’enfoncent dans le substrat strident d’un dark ambient autoritaire et industriel. Pour l’aider à matérialiser ce qui le hante, ces visions de cauchemars, ces paysages ravagés, ce reflux d’émotions grouillantes, Francesco a convié plusieurs invités dont les noms ne peuvent qu’évoquer des images effroyables, sombres ou belles à pleurer, voire les deux à la fois. Nordvargr, Caul, Luca Soi (Void Of Silence et ex Arcania Coalestia) et Kammarheit peuplent ainsi ces pulsations auxquelles ils font plus qu’injecter leur griffe mais qu’ils façonnent dans leur chair, imprimant en profondeur leur empreinte respective. Il en résulte une œuvre aux multiples visages selon qui la peint, en un retable vicié dont les pans, bien que différents les uns des autres, une fois ouverts, aboutissent à un tableau terrifiant et homogène, qui ne peut au final être découpé. C’est dans son entièreté à la fois agonisante et martiale que "Combustioni" prend toute sa démesure souterraine, sa force reptilienne. A l’épandage désincarné que répand le maître de cérémonie se greffent tour à tour les morsures agressives de Nordvagr (‘A Shimmer In The Void’, ‘The Hierrachy Of The Inner Planes’), les soundscapes hantés de Kammarheit (‘Averni Flammas Transivi’) ou le chant puissamment émotionnel de Luca Soi (le bouleversant ‘Immanence’, sans doute le chef-d’œuvre de l’album). Ces individualités fusionnent en un agrégat fourmillant de sonorités ferrugineuses et proliférantes, d’une myriade de bruits aussi envoûtants que dissonants qui lèchent telle une lèpre corrosive les rivages maladifs de cette terre secouée dans ses entrailles par une créature tellurique. Bloc suintant une décrépitude mortifère, "Combustioni" exhale un souffle malsain mais derrière l'horreur aliénée ('Grande Rosso') est tapie, dans l'ombre, une beauté funéraire et enveloppante qu'accouchent ces aplats à la fois sévères et pulsatifs. L'opus a quelque chose d'un abîme sans fin, plongée sans espoir de retour dans les sinuosités ténébreuses de l'âme humaine... Sa réussite est telle qu'on ne peut que pardonner à son créateur son si long silence. A voir maintenant si Eidulon va s'endormir à nouveau... Mais cette rareté ne le rend en définitive que plus précieux. (28/11/2018 | Music Waves)
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