AU PIF

Abhorrence | Megalohydrothalassophobic (2018)



















Si nous avons tendance à nous méfier - à raison - de ce genre de reformations qui cachent mal leur motif mercantile, il n'en va pas de même du retour d'Abhorrence et ce, pour plusieurs raisons.

D'une part parce que tous ses membres historiques prennent part à cette réanimation. Seul le mercenaire des fûts, Waltteri Väyrynen (Paradise Lost, Vallenfyre entre beaucoup d'autres), est une pièce rapportée. D'autre part, et c'est le plus important, car ce retour devrait lui permettre de corriger un départ avorté en lui offrant, peut-être, la carrière que son statut de défricheur aurait dû (pu) lui promettre. Enfin, parce que les Finlandais (au sens large), quel que soit le style pratiqué, déçoivent rarement.

"Megalohydrothalassophobic" est le titre, curieux, de cette procession résurrectionnelle que certains attendaient depuis six ans. S'il aurait pu faire les frais d'une intro qui n'apporte rien sinon allonger le menu, Abhorrence régurgite quatre hosties grumeleuses plus doom que death qu'enveloppe un son qui claque comme une peau tendue par des crochets de boucher. Ce qui ne lui interdit pas de marteler un tempo rapide ('The Four Billion Year Dream') et de multiplier les éruptions purulentes ('Hyperobject Beneath The Waves'). Englué dans une boue gelée, 'Anthem For The Anthropocene' n'est pas sans évoquer le Paradise Lost récent : chant caverneux à souhait, accordage plus bas que terre et rythmique congestionnée bâtissent un cénotaphe tellurique. Mais le morceau le plus intéressant du lot se révèle être sans doute 'The End Has Already Happened', conclusion longue de plus de sept minutes qui, après des préliminaires inquiétants dont les sons et bruitages nous plongent dans l'ambiance de film d'horreur aquatique dans laquelle baigne d'ailleurs tout l'opus, se lance dans une pesante érection instrumentale. Il faut attendre le tiers de l'écoute pour voir la voix glaireuse surgir. Irrigué par des guitares souterraines, le titre s'enfonce ensuite peu à peu dans les profondeurs abyssales de fosses sous-marines. Reste maintenant à savoir si "Megalohydrothalassophobic" sera l'ultime soubresaut d'un mort revenu à la vie ou s'il incarnera le nouveau départ d'un groupe à la carrière contrariée… (07.08.2018 | Music Waves)


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire