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KröniK | Rusty Bonez - Wrath (2017)


Distillant un heavy stoner rock aussi décontracté que bourru auquel il ne manque qu'un peu de personnalité pour faire plus mal encore, ces Grecs dévoilent un potentiel réjouissant.

Si de la péninsule hellénique, nous connaissons surtout ses musiques sombres, de Nocternity à Septic Flesh, de Naer Mataron à Rotting Christ, pour ne citer que quelques-uns de ses adorateurs des ténèbres, il existe là-bas une scène stoner rock aussi sympathique que généreuse, certes moins exposée mais dont les artisans donnent à celui qui les écoute le gourdin des grands jours. Tel est le cas de Rusty Bonez.


Bien qu'encore inconnu en dehors de sa cage d'escalier, gageons que ce quatuor ne devrait plus végéter dans la confidentialité bien longtemps, fort de cet album féroce qui n'est en outre que leur galop d'essai. C'est dire l'avenir prometteur qui lui est garanti. Plus que l'odeur de beuh, "Wrath" exhale les dessous de bras et l'haleine chargée en bière. Bref, le trip psyché et pipe à eau, ce n'est pas pour ces Grecs ivres d'une énergie furieuse et galopante, qui ont le bon goût de couler une dose épaisse de heavy velu dans leur rock de bûcheron. Direct et sans prétention, le résultat est couillu et extrêmement solide, taillé pour avaler les kilomètres aux commandes d'une puissante mécanique. Le menu démarre de la plus belle et étonnante des manières, avec l'instrumental 'Ball n' Chain', préliminaire tout en progression qui nous fait dire que les Athéniens seraient bien inspirés de creuser davantage ce sillon émotionnel et intense tout ensemble. Ce qui suit se montre moins surprenant sinon jouissif mais dresse une robuste efficacité, toujours prête à exploser en un geyser de riffs en chêne massif ('Scream Of Souls'). Le dard pointant vers le rock US, un peu à la manière d'un Audrey Horne auquel on pense parfois, comme sur ce 'Goldman Shagged' remuant, Rusty Bonez sait combiner un chant grungy et des guitares vrombissantes, même si la basse ne se contente jamais de faire de la figuration ('King Of The Road'). Plus velouté par moment à l'image d'un ‘Stoned Skin' aux belles rondeurs, les membres solidement enfoncés dans la terre, "Wrath" trouve le juste équilibre entre force souterraine et beauté rugueuse, témoin ce 'Grub' final qui débute comme une ballade avant de voir ses traits se durcir, la peau tendue et sillonnée de guitares d'airain. Distillant un heavy stoner rock aussi décontracté que bourru auquel il ne manque qu'un peu de personnalité pour faire plus mal encore, ces Grecs dévoilent un potentiel réjouissant dont on devine que ce premier jet n'a fait que le déflorer. (21/04/2018)


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