Cela fait quelques années déjà que nous suivons Gaetan Juif à travers ses multiples pérégrinations, quelles soient solitaires (Scaphandre) ou collectives (Céphéide, Rance). Sa présence garantit un black metal froid et torrentueux, atmosphérique parfois, généralement écrit à l'encre noir du désespoir, toujours audacieux. Baume est son nouveau projet dont il offre avec Les années décapitées, le premier râle de souffrance. S'il y renoue avec un format individuel, ne laissant que quelques bribes de chant à Laurene Hamery (ainsi que l'artwork) et la basse à Hugo Beauzée-Luyssen, il ne faut pour autant pas voir dans ce EP le successeur des Ancres et de The Abyssal Crypts et encore son auteur comme le frère-jumeau de Scaphandre.
Ces deux entités ne partagent guère qu'une même emphase grouillante, une manière identique de bourgeonner dans les profondeurs d'un trou noir. Baume se révèle plus expérimental et poétique. Alors que son nom évoque un onguent qui soulage les blessures, la substance qui s'en écoule n'adoucit en rien les maux, ne faisant au contraire que les rendre plus vif. Ces quatre compositions mettent à nu les sentiments les plus sombres, les tourments inavouables, les fautes que l'on ne peut pardonner. Loin d'en extraire les humeurs nocives, elles les charrient comme un poison doucement inoculé dans les veines. Plutôt que de chercher vainement à l'arrimer à un des quelconques (sous) genres qui ne cessent de proliférer au sein de l'art noir (black atmo, shoegaze, post black : collez-lui l'étiquette qui vous conviendra), ce dont Gaetan n'a que faire, musicien instinctif s'il en est, tentons de décrire ce matériau à la fois ténébreux et aérien, glacial et foudroyant de beauté. Chant écorché et lointain qui hurlent des paroles incompréhensibles aux allures de psalmodies, guitare grêles ou écrasée sous une noirceur abyssale de laquelle jaillit pourtant des geysers bouleversants (Le grand saut) et batterie torrentielle s'accouplent en un magma vénéneux qui s'engouffre à travers les longues artères de ces pulsations qui après de languissantes et soyeuses entames se montrent déchaînées (A l'ombre d'Eden). Si Sous le voile de nos lumières mortes dévoile la face la plus expérimentale du projet avec ses contours et aplats accidentés, le court et contemplatif instrumental Une ballade d'amour et de mort surprend par sa tendresse trompeuse qui exsude en réalité une mélancolie malsaine. Avec Les années décapitées, Baume signe un galop d'essai aussi intriguant que son titre, que chacun interprétera à sa guise selon son vécu et son ressenti, opus immersif propice à une douloureuse introspection... (24/03/2018)
Ces deux entités ne partagent guère qu'une même emphase grouillante, une manière identique de bourgeonner dans les profondeurs d'un trou noir. Baume se révèle plus expérimental et poétique. Alors que son nom évoque un onguent qui soulage les blessures, la substance qui s'en écoule n'adoucit en rien les maux, ne faisant au contraire que les rendre plus vif. Ces quatre compositions mettent à nu les sentiments les plus sombres, les tourments inavouables, les fautes que l'on ne peut pardonner. Loin d'en extraire les humeurs nocives, elles les charrient comme un poison doucement inoculé dans les veines. Plutôt que de chercher vainement à l'arrimer à un des quelconques (sous) genres qui ne cessent de proliférer au sein de l'art noir (black atmo, shoegaze, post black : collez-lui l'étiquette qui vous conviendra), ce dont Gaetan n'a que faire, musicien instinctif s'il en est, tentons de décrire ce matériau à la fois ténébreux et aérien, glacial et foudroyant de beauté. Chant écorché et lointain qui hurlent des paroles incompréhensibles aux allures de psalmodies, guitare grêles ou écrasée sous une noirceur abyssale de laquelle jaillit pourtant des geysers bouleversants (Le grand saut) et batterie torrentielle s'accouplent en un magma vénéneux qui s'engouffre à travers les longues artères de ces pulsations qui après de languissantes et soyeuses entames se montrent déchaînées (A l'ombre d'Eden). Si Sous le voile de nos lumières mortes dévoile la face la plus expérimentale du projet avec ses contours et aplats accidentés, le court et contemplatif instrumental Une ballade d'amour et de mort surprend par sa tendresse trompeuse qui exsude en réalité une mélancolie malsaine. Avec Les années décapitées, Baume signe un galop d'essai aussi intriguant que son titre, que chacun interprétera à sa guise selon son vécu et son ressenti, opus immersif propice à une douloureuse introspection... (24/03/2018)
3.5/5 | La Horde Noire
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