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KröniK | Butcher Babies - Lilith (2017)


Le challenge que doit désormais relever Butcher Babies est simple : être (enfin) pris au sérieux alors qu'il a bâti une bonne part de son succès, avant tout américain, sur l'agressive image sexy véhiculée par ses deux frontwomen, qui semblent tout droit échappées de la page centrale d'un numéro de Hustler. Etre populaire ne fait pas nécessairement un bon groupe et nombreux sont ceux à ne pas voir en lui autre chose qu'un objet marketing emmené par deux poupées Barbie dont on peut douter de la sincérité.
Pourtant, derrière le fard de la vulgarité, Heidi Shepherd (la blonde) et Carla Harvey (la brune) possèdent, sans égaler, loin de là, Wendy O'Williams qu'elles présentent volontiers comme leur modèle, une indéniable présence vocale à défaut de charisme, tandis que leurs trois compagnons, forcément en retrait, font le job. Sans plus. Succédant à "Goliath" (2013) et "Take It Like A Man" (2015), "Lilith" va-t-il modifier le regard que l'on porte sur les Californiens ? Œuvrant dans un genre taillé pour les ondes US et les ados qui estiment que le nu metal et son enfant bâtard le metalcore, sont un must métallique, reconnaissons que Butcher Babies a réalisé de sérieux progrès depuis leur petite carte de visite éponyme. Les ambiances sont plus recherchées ('Korova'), l'écriture suffisamment élaborée pour laisser des traces dans la mémoire. De fait, il est même permis de trouver des qualités à un menu carnassier qui envoie le petit bois ('Burn The Straw Man'). Pourtant ce sont les moments les plus mélodiques (le sombre 'Headspin') et ceux qui paient un évident tribut à In This Moment, à l'image du morceau éponyme, pour n'en citer qu'un, qui suscitent l'envie, davantage que les saillies les plus meurtrières ('Iwokeuplike…'). Si les growls qu'elles partagent se révèlent vite fatigants, les belles séduisent quand elles se montrent plus félines, donnant alors à leur voix une suavité malsaine ('The Huntsman'). De fait, on les préfère les griffes limées comme sur 'Look What We've Done' qui évoque un Evanescence qui aurait cependant bouffé du lion. Incontestablement plus épais que ses devanciers, témoin les 'Oceana' et autre 'Underground And Overrated' que cisaillent des guitares d'airain, le bustier bien rempli, ce troisième effort confirme néanmoins que Butcher Babies souffrira toujours d'un déficit en charme et surtout en âme, comparé à In This Moment qui braconne sur les mêmes terres à la mode mais avec une identité plus affirmée. Habile dosage entre mélodie et brutalité, "Litith" ne devrait donc pas réellement permettre aux Américains de quitter la baraque de fête foraine dans laquelle ils évoluent depuis leurs débuts, même si on les découvre plus inspirés qu'on ne pensait. 3/5 (26/10/2017)






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