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KröniK | Siinai - Sykli (2017)


Nous aimons la Finlande. Pour la poésie incomparable que dégagent ses paysages. Pour la gentillesse de ses habitants. Pour ses bières. Pour son vivier musical surtout qui semble inépuisable et ce quelque soit le style pratiqué, qu'il s'agisse de doom, de black, de death metal ou de progressif, puisque c'est à ce genre que se rattache Siinai. Bien que Sykli soit sa première exploration à venir chatouiller nos oreilles, ce groupe venu d'Helsinki possède déjà pourtant une solide réputation construite grâce à une poignée d'albums et de collaborations (notamment avec Moonface) qui ont peu à peu établi ce trip rock instrumental élevé à la musique cosmique des années 70.
Habitué des œuvres conceptuelles, Supermarket, par exemple, était ainsi conçu à la manière d'une bande originale de film dénonçant le consumérisme de nos sociétés occidentales, le quatuor s'inspire pour ce nouvel opus du caractère cyclique de la vie. A la fois aérien et terreux, le résultat se nourrit d'une conception difficile qui lui confère une dimension fortement cathartique. Siinai y tricote un tapis d'effluves stratosphériques en une puissante élévation vers une lumière aveuglante. Des nappes électroniques bourgeonnantes et répétitives se répandent tel une lente marée avant de se retirer en un fracas de sonorités pulsatives. Emportées par un pouls hypnotique, ces pistes, au nombre de cinq, possèdent toute une tessiture qui leur est propre, quoique toujours bercées par une mélancolie laiteuse.'Temppeli' ouvre les portes de Sykli en libérant une myriade de sons synthétiques. Planante et immobile, sa trame contemplative semble vouloir s'étirer à l'infini dans la belle tradition d'un krautrock lumineux. Pourtant, peu à peu, le ciel se charge de légers nuages tandis que des voix fantomatiques aux accents chamaniques accompagnent la mort de cette première plainte. Evoquant le travail de Manuel Göttschning à l'époque de Inventions For Electric Guitar, le titre éponyme fleurit ensuite, rythmé par une six-cordes obsédante avant que des accords crépusculaires aux confins du dark jazz, qui se conjuguent à des percussions pointillistes, obscurcissent l'horizon. Epicentre en même temps que point G de l'écoute, 'Ananda' tisse un sillon enivrant qui confine à la transe, ondulation enveloppante qui sonne comme un mantra. Après 'Masteri', errance coloré de désespoir dans un espace ouaté que peuplent des silhouettes étranges, 'Europa' est comme un lent réveil grouillant de sons stridents où les percussions tambourinent en un mouvement syncopé, colonne vertébrale après laquelle se greffent les instruments. Sa forme cyclique fait de lui la synthèse parfaite de cet ensemble solaire et désenchanté. (28/09/2017)






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