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KröniK | Desiderii Marginis - Songs Over Ruins (1997)


Pour les amateurs du dernier rang, sachez que "Songs Over Ruins" n'est bien entendu pas la nouvelle offrande de Desiderri Marginis mais au contraire la première, gravée en 1997 et alors publiée par Cold Meat Industry. Depuis longtemps épuisée, l'oeuvre connaît donc aujourd'hui une seconde vie, grâce au label Cyclic Law qui la réédite dans un nouvel écrin tant visuel que sonore puisque remasterisée par son auteur. Mais parler de vie à son sujet paraît totalement inapproprié tant un souffle funéraire fige cet album dans une terre froide.
Considéré à juste titre comme un mètre étalon de la dark ambient, "Songs Over Ruins" évoque des paysages désolés, presque désincarnés que drape tel un suaire une brume spectrale. Le pèlerin se voit très vite happé par ces sonorités oppressantes, ces nappes fantomatiques. Contemplatif, il invite au recueillement, retable austère et minimaliste dont la découverte confine à une forme de transe spirituelle ('The Core Of Hell II'). L'ensemble baigne dans un climat religieux auquel participent autant ces choeurs hantés ('Solemn Descent') que ces effluves éthérées ('Ephemeral') dont les sons résonnent comme le glas. A son écoute surgissent des images d'églises abandonnées comme dans un tableau de Caspar David Friedrich, de monastères peuplés de fantômes. Comparé à ses successeurs,  "Songs Over Ruins" se veut plus difficile d'accès, affichant une dureté martiale et percussive ('Emtombement')  aux confins d'une bande-son industrielle et militaire ('Scintillate II'). Une sourde et autoritaire beauté suinte pourtant de ces pistes aux allures de gisants étendus au milieu d'une forêt glaciale, témoin ce 'Ashes' qui vibre d'une douleur sacrificielle. Froids comme le marbre, ces psaumes ne laissent filtrer aucune lumière, aucun espoir de salut ('Christon'). L'exhumation de "Songs Over Ruins" confirme que ce chemin de croix qui gronde d'une puissance sentencieuse n'a, vingt ans plus, tard rien perdu de son pouvoir de fascination ni de sa force d'évocation. 4/5 (24/09/2017)






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