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KröniK | When Icarus Falls - Resilience (2017)


Si avec "Aegean",  qui nous avait permis de le découvrir il y a cinq ans, When Icarus Falls se faisait le chantre d'un post hardcore suffocant, "Circles", son successeur dévoilait au contraire une approche du genre plus aérienne, laissant ses racines post rock affleurer à la surface d'un art néanmoins toujours aussi écrasant et douloureux. "Resilience" amplifie cette évolution vers une musique toujours plus solaire encore que l'espoir et la joie sont des sentiments dont il n'existe toujours aucune trace dans dans le matériau que le groupe forge avec un souffle à la fois épique et cataclysmique.
Bien que l'originalité ne puisse pas davantage être mise à son actif, défaut déjà noté à ses débuts et qui grève de toute façon bon nombre de formations empruntant ce genre fortement encombré, qu'il s'agisse de la prise de son assurée par le gourou Magnus Lindberg (Cult Of Luna) ou de cette plastique tellurique au allures de magma en fusion, When Icarus Falls a toutefois pour lui, outre la puissance sourde de ces érections atmosphériques, une beauté instrumentale aussi rêveuse que bouleversante dont le chant, presque relégué au rang d'accessoire, est la victime consentante. De fait, il se dégage de "Resilience" une impression de force tranquille, malgré les coups de boutoir de guitares taillées dans le béton armé. Du haut de ses quasi douze minutes au garrot, le terminal 'A Blue Light' se veut la parfaite synthèse d'une expression déliée et pourtant toujours aussi plombée, lente et déchirante élévation vers la mort dont le périple sinueux est entravé par de rageuses éruptions vocales et les remparts qu'une rythmique granitique ne cesse de dresser jusqu'à cette fin abrupte. Le résultat est un opus beaucoup plus accessible que ses devanciers, à l'image de 'Into The Storm' pétri d'une tristesse que tisse une six-cordes pointilliste. Ecartelé entre lumière et noirceur ('The Lighthouse'), le menu se révèle admirablement habile, jouant sur les reliefs accidentés et les ambiances tour à tour éthérées ou hachurées à coup de mines épaisses, en un ensemble massif et néanmoins presque intimiste dans sa manière de peindre des émotions à fleur de peau que ne paralyse finalement pas un évident manque de personnalité. Maître de son art, on peut affirmer sans aucun doute que When Icarus Falls livre avec "Resilience" son travail le plus abouti à ce jour. Le plus beau également. 3.5/5 (2017) | Facebook






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