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Krönik | Kroh - Altars (2016)


Les oreilles au niveau du slip, il ne faut souvent pas grand-chose pour attiser notre curiosité. Une femme nue sur une pochette et une voix féminine sont par exemple des attributs dont l'efficacité pour capter l'intérêt n'est plus à démontrer. Kroh l'a bien compris en misant sur une imagerie sexy et la présence dans ses rangs d'une chanteuse.
Si on peut reprocher aux Anglais de céder là à une mode, eux qui avaient démarré leur carrière sous des auspices plus testiculeuses avant de se saborder pour au final renaître (presque) aussitôt, fort d'un nouveau line-up autour de Paul Kenney (Mistress, Anal Nathrakh), reconnaissons qu'ils ont eu mille fois raison de féminiser leur doom, trouvant en la personne de Olivia Sobieszek la prêtresse idéale pour déclamer ces psaumes aux relents d'occultisme hammerien. Non pas que le galop d'essai éponyme ou le split partagé avec Ice Dragon nous aient déçus, dévoilant au contraire un talent des plus prometteurs mais l'écoute de « Altars » témoigne que le groupe de Birmingham a trouvé chez cette déesse la pièce qui lui manquait, perdant peut-être (un peu) en personnalité ce qu'il a gagné en pouvoir de fascination. Et en magie (noire) surtout. C'est donc un second chapitre en même qu'un nouveau départ qui s'ouvrent pour Kroh. Au milieu de la cohorte de groupes de doom à chanteuse, les Anglais creusent néanmoins déjà leur marque dans la roche ferrugineuse grâce à ce son ultra plombé, ces guitares accordées plus bas que terre crachant une semence robuste et bien sûr cet organe féminin engourdi par le désespoir dont la force émotionnel n'est pas sans rappeler le timbre de la trop méconnue Johanna DePierre  du tout aussi méconnu et trop tôt disparu Amaran. Bien que préparé par quelques brouillons ("Precious Bones", Living Water"), "Altars" dévoile une formation quasi vierge, plus occulte que sa première incarnation. Et plus heavy encore. Secoué par des coups de boutoir telluriques et ces rouleaux de batterie qui avalent tout sur leur passage, son menu vibre d'une puissance sourde capable d'arracher la tapisserie des murs. Les 'Mother Serpent', 'Break The Bread', 'Stone Into Flesh' et autre 'Feed The Train' sont ainsi des monstres de lourdeur dont on imagine sans peine les ravages qu'ils doivent causer sur scène, les amplis poussés à fond, les instruments au bord de la rupture et trônant au milieu, cette vestale d'un culte obscur. En coulant une voix féminine incantatoire dans un creuset où brûle du plomb en fusion, Kroh atteint une autre dimension plus evil et orgasmique mais toujours aussi brute et rocailleuse. Plus qu'une renaissance, une métamorphose ! 4/5 (2017) | Facebook






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