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KröniK | Buttered Bacon Biscuits - From The Solitary Woods (2009)


En 2015 sort "Litanies From The Woods", première rondelle gravée par Witchwood et probablement un des meilleurs albums de retro hard rock biberonnés au jus progressif enfantés ces dernières années. De prime abord étonnante, l'incroyable maturité affichée par ces Italiens à priori inconnus en dehors de leur cage d'escalier, peut s'expliquer par le fait que ces derniers traînent en réalité depuis longtemps leurs instruments au sein de la chapelle rock de la péninsule, le chanteur et guitariste Ricky Dal Plane, la claviériste Stefano Olivi et le batteur Andrea Palli ayant déjà travaillé ensemble sous la bannière de l'éphémère Buttered Bacon Biscuits, des cendres duquel est donc né celui qui deviendra leur principal port d'attache.
Fort de l'excellent accueil reçu par "Litanies From The Woods" et son complément, "Handful Of Stars", Jolly Roger a la bonne idée de rééditer "From The Solitary Woods", unique rejeton enregistré en 2009 sous la forme d'une modeste auto-production, de ce pré Witchwood, conçu d'abord comme un simple side-project avant de devenir un groupe à part entière quelques mois plus tard. Grand bien en a pris au label tant cet opus, chaleureusement réceptionné par la presse et le public, mérite largement une seconde vie. Sa (re)découverte éclaire sur la genèse de "Litanies From The Woods" dont il est moins le brouillon que le précieux patron. Pour autant, en dépit de racines communes, qui plongent dans un terreau antédiluvien identique, du rôle prépondérant de Ricky Dal Plane qui en est le principal compositeur aux côtés du guitariste Alex Celli, et de l'évidente proximité qui existe entre les titres de leur album, les deux groupes se sauraient se confondre tout à fait l'un avec l'autre. Là où le (hard) rock de Witchwood se veut champêtre et occulte, celui de Buttered Bacon Biscuits est plus psychédélique et solaire. Déambulation rêveuse, "From The Solitary Woods" baguenaude le long d'un chemin chaleureusement atmosphérique, au gré de respirations lentes et tranquilles à l'image du mélancolique 'Into The Wild', du velouté 'Another Secret In The Sun' sans oublier ce 'No Man's Land', élévation zeppelienienne au final envoûtant. Mais corollaire de ces aplats plus doucereux que heavy, l'ensemble manque un peu de puissance et de démesure en comparaison d'un "Litanies From The Woods" plus grandiose et orgasmique, même si les compositions les plus remuantes telles l'opener 'Losin' My Pride', le purplien 'Cross-Eyed Jesus' nappé d'un orgue à la Jon Lord et que transperce un soli digne de Blackmore et surtout l'ensorcelant 'Essaouira', drapé de mélodies fragiles et qu'entraîne vers des sommets un long segment instrumental, émaillent un menu toutefois séduisant et généreux. Alors qu'un deuxième album était en cours d'écriture, des problèmes personnels et les inhérentes divergences musicales ont eu raison de Buttered Bacon Biscuits, sabordage regrettable mais qui aura cependant permis la naissance d'un Witchwood bien supérieur… 3/5 (2017)


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