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KröniK | Anturgle - Oursgaard (2017)


Le black metal, c'est quoi ? Ca peut être plein de choses, notamment un mec qui, tout seul dans son coin, bricole un machin qui ne ressemble – à priori – à rien. C'est donc le cas de Anturgle, projet onanique dont même le nom de son unique membre, Tyrson, a l'air d'une blague. Musicien (?) solitaire, celui-ci se fout de tout, y compris, et surtout, de ce qu'on peut écrire à son sujet. Wardruna du pauvre pour certains, la bestiole libère pourtant un souffle chamanique herbeux, qui sent la moisissure de champignons, exhalaison sinistre et méphitique capable autant d'envoûter que de faire fuir.
Premier pan d'une trilogie forestière, Oursgaard a quelque chose d'un rituel primitif qui voit son géniteur tenter de capter une 'vibe' obscure et ténébreuse, de renouer, à sa manière artisanale, avec l'esprit originel qui guidait les Grands Anciens, Darkhtrone, Ulver et consorts. Bouillie vocale qui éructe des textes en anglais, français ou norvégien de toute façon incompréhensibles, sons d'orage et de divers bruits de la nature capturés dans les bois ou dans des grottes, boîte à rythme rudimentaire et frottis d'une guitare osseuse, s'accouplent, confinant à une forme de transe contemplative aussi hallucinée que crépusculaire qui n'interdit pas une lointaine beauté de suinter de cet humus caverneux (Back To The Forest). Garanti sans OGM dedans, l'ensemble ne file jamais droit, créature qui hurle dans une nuit lugubre et glacée, mais finit toutefois par inoculer son venin, distillant mieux que d'autres le pouls nocturne d'une nature sauvage et insaisissable. Taillé pour les feux de camp avec une bière à la main et la solitude comme seule compagne, Oursgaard se révèle cependant bien plus noir et négatif que nombre d'étrons estampillés 'black metal', rituel ambient aux remugles incantatoires dont il paraît inutile d'en détailler les quatre pistes tant celles-ci semblent se confondre les unes avec les autres dans leur globalité humide et sépulcrale. Reclus et bruitiste, Anturgle fait partie de ces projets qui ne peuvent proliférer que dans l'underground le plus dépouillé dont ils se nourrissent avec une lépreuse avidité. 3/5 (2017)


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