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KröniK | Klimt 1918 - Sentimentale Jugend (2016)


Klimt 1918 aura su se faire désirer, un tunnel (trop) long de huit ans séparant "Just In Case We'll Never Meet Again (Soundtrack For The Cassette Generation)" de ce nouvel opus. Cependant, cette insupportable attente aura été doublement récompensée car ce n'est pas un simple album qui scelle le retour des Italiens mais deux créations distinctes et complémentaires, réunies au sein d'un même ensemble baptisé "Sentimentale Jugend". Du haut de ses quasiment deux heures de musique, nous aurions pu craindre que l'entreprise pâtisse toutefois de cette ration pantagruélique. Ainsi, les exemples ne manquent pas, de ces réalisations au format binaire ivres de leur propre fatuité.
Rien de tel pourtant avec le sujet de cette chronique, peut-être tout simplement parce que, loin d'un prétentieux remplissage, cette offrande constitue tout à la fois un bloc homogène et les deux faces d'une même pièce, mélancolique et évanescente, terreuse et aérienne. Miraculeusement, ce menu s'écoule ainsi avec une belle fluidité, jamais ennuyeux, toujours juste dans son expression désenchantée d'une pop fragile aux confins du post rock et du shoegaze. Son ampleur impose toutefois de multiples va-et-vient dans les profondeurs fantomatiques de son intimité pour en extraire tout le suc. Italien de sol, Klimt 1918 se révèle plus que jamais allemand de sang, ce dont témoigne la reprise de Berlin, 'Take My Breath Away', laquelle donne le ton très eighties d'un album dont les accents nostalgiques ne le rendent pas moins actuel, modernité qu'il doit à une prise de son d'une pureté d'airain. Comme son format le laisse deviner, le menu se divise naturellement en deux parties, "Sentimentale" puis "Jugend". La première se révèle la plus légère, la plus immédiate, misant sur une darkwave fébrile que zèbrent des envolées post-rock, couleurs stratosphériques illustrées par les pièces d'orfèvre que sont le mélancolique 'Montecristo', 'Belvedere' et ses guitares orageuses, 'Comandante' aux lignes déchirantes ou ce 'La Notte' teinté d'amertume. Plus posée et introspective, la seconde nous évoque les fantômes d'une jeunesse brisée, qui rappelle le roman de Erich Maria Remarque, "A l'Ouest rien de nouveau", privilégiant quant à elle les respirations squelettiques, plus pop ('Juvenile') que rock, parfois à la lisière d'un ambient abstrait, à l'image de l'instrumental 'Caelum Stellatum' et plus encore de 'Stupenda E Miserabile', qui étire sur plus de neuf minutes une trame à la fois spectrale et goudronneuse. Ensemble nostalgique et mortuaire, romantique et fragile, "Sentimentale Jugend" peut être considéré comme le travail le plus abouti de Klimt 1918. 3/5 (2017) | Facebook






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