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KröniK | Cosmic Ground - III (2016)


Dirk Jan Müller (Electric Orange, Space Invaders) continue de rendre hommage à la kosmiche music allemande des années 70 et à explorer les possibilités infinies offertes par ces synthétiseurs modulaires et orgues mythiques que sont le Mellotron ou le Farsifa entre autres instruments qu'il utilise en guise de navette spatiale. Suivant le même concept que ses deux devanciers, "Cosmic Ground III" déroule un menu démesuré, long de plus de 70 minutes que composent quatre pistes au format ainsi extrêmement dilaté.
Nous avions cru que l'Allemand avait atteint la quintessence de son art avec le deuxième opus sous cette bannière solitaire. Faire plus froidement hypnotique semblait d'ailleurs impossible, tricoter des nappes plus lugubres et cosmiques, tenir de la gageure. Nous nous étions donc trompés. Le troisième côté de ce triangle halluciné va plus loin encore que ses prédécesseurs, autant en terme de pouvoir de fascination que d'une inspiration qu'on devine infinie. En se laissant envelopper par ses effluves électroniques, nous avons l'impression de faire un bond en arrière dans le temps, à l'époque où Tangerine Dream accouchait de "Rubycon" et Klaus Schulze de "Timewind" mais le tout enrobé du son clair et pur d'aujourd'hui qui n'étouffe de fait ni cette patine analogique si chaleureuse ni une beauté qui se trouve du coup décuplée. A l'instar de ses aînés, l'album grouille pourtant de sonorités glaciales, voyage dans une immensité frissonnante que le soleil ne peut réchauffer, à l'image de 'Ground Control', amorce démentielle qui étend un tapis aussi envoûtant que ténébreux sur lequel bourgeonnent des boucles synthétiques obsédantes qui confinent à la transe en un mantra crépusculaire. Plus énigmatique se veut 'Crumbling Darkness', lente dérive dans l'espace où l'homme prend comme toujours son temps pour installer le pèlerin dans un doux cocon que bercent ces vagues cosmiques, recourant à un vaste échantillonnage de claviers antédiluviens. Pandémonium orgiaque, 'Keep Us In Space' incarne le point culminant du programme. Durant presque vingt minutes, Dirk Jan Müller ouvre les portes orbitales menant en un long corridor à une intimité dont la dimension répétitive touche à une forme de folie immersive. Avec cette plainte entêtante, cousine du 'Organia' du disque précédent, il tresse des instants suspendus dans le temps, fouillant les profondeurs fantomatiques du cosmos. L'exploration s'achève sur un 'Monchrome Ritual' aux allures de cérémonie immobile, brillant d'un éclat aussi froid que sinistre mais qui peu à peu s'élève, monolithe obscur qui se dresse dans les étoiles. Vibrant et passionné hommage à la Berlin School, "Cosmic Ground III" est encore une pièce maîtresse à mettre à l'actif de Dirk Jan Mûller. Essentiel ! 5/5 (2017) | Facebook

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