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KröniK | Raptor King - Dinocalypse (2017)


Ceux qui pensaient - à tort forcément ! - que Raptor King ne serait qu'une farce sans lendemain, en seront, une fois de plus, pour leurs frais. La queue qui frétille, dressée avec une isolante fermeté, notre dinosaure préféré est donc (déjà) de retour, bien décidé à tout faire péter. En se payant, par la même occasion, une bonne tranche de rigolade. Car le trait de génie de ce reptile échappé de "Dinocroc" est de ne pas se prendre au sérieux tout en abattant le petit bois, d'avoir trouvé de suite le ton juste, méchamment goguenard, accouplé à un metal lourd comme un cassoulet toulousain, décapant et effréné, jouissif et décomplexé.
Comme les étiquettes, Raptor V et sa bande n'aiment pas trop ça, les mecs bouffent aussi bien du hardcore que du sludge mais pas que, comme en témoigne ce "Dinocalypse" qui, en faisant feu de tout bois, ne pourra que forcer les irréductibles mauvaises langues à fermer leur claque-merde. Derrière le masque de la plaisanterie, il y a un groupe, un vrai, avec une personnalité et des idées dedans, qui avec cette seconde saillie, fait preuve d'une verve créatrice surprenante. Et d'une maturité qui ne l'est pas moins. Démonstration. Malgré sa pochette digne d'un album de thrash des années 80 avec le bon vieil avertissement « Parental Advisory Explicit Content » sur le coin de la gueule, ce nouvel étron se révèle furieusement moderne, les griffes acérées prêtes à déchiqueter nos cerveaux imbibés, comme ceux du Roi Raptor et ses deux joyeux compagnons de jeu, Nightsmoke et Don Coco, réveillés de leur court sommeil éthylique par la menace apocalyptique que fait peser sur le monde une vicieuse créature pelleteuse nommée Pelletor (ça ne s'invente pas !). EP testiculeux, "Dinocalypse" conte cette titanesque querelle. D'emblée, le groupe sort son gourdin qu'il a monstrueux avec le titre éponyme qui, après une entame hollywoodienne, martèle du gros son, énervé et sauvage, au gré d'une cavale que brisent de nombreux breaks. Survient ensuite 'The Witch', qui voit tout d'abord le trio serrer le frein à main tandis que le chanteur va au charbon, avant de batifoler dans des sables mouvants, mêlant accélérations fiévreuses et pause sournoise, le tout nimbé de chœurs féminins en une orgie débridée. Nouvelle rupture avec 'The Long Way...', à la fois mélodique et bourru. où nombre d'influences (heavy, death) sont passées à la moulinette entre les grosses pattes d'un groupe qui n'a peur de rien. Après un 'Fight 'n'roll' qui ne ressemble à rien (dans le bon sens du terme, s'entend), fruit de l'accouplement improbable entre un groove catchy et de combatives coulées de haine, surgit le morceau le plus curieux du lot, ce 'Lonesome Raptor' qui permet au brailleur en chef de démontrer toute la versatilité de son organe, crooner de temps sombres, accompagné par une guitare qui distille un blues frelaté, jusqu'à ce changement de ton annonciateur d'une fin abrupte. La lumière s'éteint, le rideau est en berne sur un monde dévasté et Raptor King vient de prouver qu'il faudra définitivement compter sur lui, créature plus intéressante qu'il n'y paraît. Bien supérieur à son devancier, "Dinocalypse" est gonflé d'une inspiration sans limites, second jalon d'une carrière dont on attend désormais un véritable album car plus c'est long, plus c'est bon ! 3.5/5 (2017) | Facebook






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