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KröniK | Royal Thunder - WICK (2017)


Originaire de Savannah, Royal Thunder s'est fait remarquer d'emblée avec "CVI", première coulée de lave emportée par le chant de la bassiste Miny Parsonz, galop d'essai qui, en 2012, osait combiner voix féminines haut perchées et riffs velus, le tout nimbé d'effluves soyeuses entre psyché et grunge. Bien que toujours inspiré, le groupe en a ensuite déçu certains - à tort - avec "Crooked Doors", œuvre plus émotionnelle sans pour autant se montrer avare en plomb.
De fait, on se demandait quelle direction emprunterait son successeur. Persévérerait-il dans cette voie plus évolutive que d'aucuns jugèrent plus accessibles ou bien marquerait-il un retour à la force brute originelle ? Les Américains affirment que "WICK" est l'album qui leur a demandé le plus de travail, fruit d'un processus créatif rendu plus difficile encore par l'attente et les espoirs que ne manque jamais de susciter un troisième effort (mais le quatrième en comptant le EP éponyme de 2010). Désormais hébergé chez Spinefarm qu'il a préféré à Relapse Records qui le soutenait pourtant depuis ses débuts, Royal Thunder frappe un grand coup avec cet opus qui témoigne de la maturité qu'il a su acquérir en l'espace de quelques années. Peaufinant son art plus personnel qu'il y paraît de prime abord, le quatuor refuse de stagner ou de regarder en arrière, offrant une création à son image : imprévisible. Ce qui frappe tout d'abord à son écoute est sa grande variété. Brillant de multiples nuances, le menu épouse un tracé sinueux dont la puissance (les énormes 'Turnaround' et 'The Sinking Chair') n'en étouffe à aucun moment ni le sourd désespoir ni la beauté éruptive dont les pinceaux se confondent autant avec la guitare sensitive de Josh Weaver qu'avec la voix habitée de sa muse, héritière des prêtresses Janis Joplin et Candy Givens (Zephyr) mais que les couleurs trempées dans l'acier rapprochent aussi des metal queens des années 80 ('Tied'). D'une énergie magnétique, la belle emporte tout dans son sillage, affirmant si besoin en était encore toute la diversité d'une palette vocale émotionnellement irradiante, tour à tour moelleuse ou agressive mais toujours cathartique. Rarement direct même si une tension couve sous sa peau épaisse, "WICK" privilégie les mid-tempos ambiancés, témoin la ballade 'Plans' ou 'The Well' et 'We Never Fell Asleep' d'une lenteur tranquille pour le premier, plus meurtrie pour le second, et enfile les perles (noires) d'écriture, à la manière de pièces d'orfèvrerie. Faussement simple, chaque titre se dévoile ainsi par petites touches pointillistes, fort d'une belle richesse instrumentale où chœurs, piano et arrangements duveteux fusionnent pour former un magma abrasif. Ainsi, l'opus ne s'offre qu'après de patients préliminaires tant il brouille les pistes, n'empruntant jamais la direction qui lui semble promise, comme l'illustrent des brûlots tels que 'April Snowers', toute en colère rentrée ou 'Burning Tree', amorce qui semble vouloir décoller très haut vers les cieux mais reste pourtant clouée au sol. Affinant une identité qui n'appartient qu'à lui, Royal Thunder signe une offrande tout du long envoûtante et qui ne cesse à chaque nouvelle écoute d'éclore en de multiples trésors car ses atours commerciaux trompeurs masquent en réalité une noirceur fébrile. 4/5 (2017) | Facebook






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