Pour être totalement franc avec vous, nous n'avions encore jamais entendu parler de Phantogram, duo américain pourtant né en 2007 et déjà auteur de trois offrandes longue durée et d'une pléthore de Ep et autres singles. Jusqu'au jour où la photo de sa chanteuse (flanqué de son compagnon), toute de noir vêtue, les jambes habillées de bottes en cuir, nous est parvenue. Les oreilles comme souvent placées au niveau de l'entre-jambe, nous avons donc mystérieusement eu envie de nous frotter à la musique tricotée par le tandem. Bien nous en a pris car, entre dreampop, electro et trip hop, cette partition puissamment sensuelle mérite (encore) mieux que sa vitrine dont le côté sexy est certes affriolant mais peut tout aussi faire craindre un déficit en inspiration sinon en personnalité. Il n'est rien, bien au contraire, comme vient l'illustrer de la plus séduisante des manières ce "Three" qui fait plus que flirter tout du long avec le septième ciel. Bien qu'ensorcelant les sens grâce à son goût suave, le chant de sirène de Sarah Bartel, qui parfois s'accouple avec l'organe du guitariste Joshua Carter ('You're Mine)', se mêle à des effluves pulsatives, alchimie qui aboutit à une délicieuse sucrerie pop tendrement mélancolique. Composé de dix pistes au format calibré, comprendre entre trois et quatre minutes au jus en moyenne, cet opus affiche des traits riches de nuances, que peignent boucles électro et six-cordes aux lourdes courbes emportées par un pouls hypnotique. La première partie se veut la plus trippante. La plus orgasmique surtout, entre un 'Funeral Pyre' dont les lignes moelleuses exsudent un suc torride, un 'Same Old Blues', dont les multiples aplats, tour à tour cuivrés ou électriques tandis que la belle nous susurre à l'oreille, ne cessent de nous surprendre. Point G de l'écoute, 'You Don't Get Me High Anymore' déroule une trame entêtante, porté par les lignes vocales de Sarah, à la fois satinées et mordantes, auxquelles 'Cruel World, respiration aux arrangements envoûtants, offre également un doucereux écrin. Si la seconde moitié se révèle moins marquante peut-être parce qu'elle laisse davantage Joshua s'exprimer ('Answer'), l'aérien 'Destroyer' et 'Run Run Blood' éclairent toutefois cette fin de parcours de couleurs aussi obsédantes que moirées, baisse de régime au final toute relative qui ne grève en rien l'incontestable réussite de cet album dont le souffle qui confine à la transe vous hante longtemps après que l'écoute se soit achevée. Une découverte. 4/5 (2016)
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