Devenu une véritable AOC, le death metal suédois continue encore, plus vingt ans après le matriciel "Left Hand Path" d'Entombed, à être dépecé par des garçons-bouchers qui, parfois n'étaient même pas nés au moment où Dismember et autre Unleashed lâchaient leurs premiers rôts. Formé en 2010, Decomposed fait partie de cette nouvelle génération de groupes qui semblent ignorer que le genre ne s'est pas arrêté après "Clandestine" (1991), deuxième méfait, est-il besoin de le rappeler, de la bande de Nicke Andersson. Avec un nom pareil, on se doute déjà que les Suédois ne doivent certainement pas goûter à la virtuosité technique de mélodies sophistiquées, lui préférant la barbaque qu'ils découpent avec leurs grosses pattes poissées de sang. Bref, vous l'aurez compris, le death qu'ils régurgitent sent bon les viscères et prétendre que celui-ci se veut old-school tient du doux euphémisme. Nos jeunes gaillards respectent à la règle les codes du genre : chant caverneux qui dégueule, accordage plus bas que terre, lignes de guitare aux allures de câbles souterrains... La recette est connue, éprouvée mais encore une fois, ça marche car sa réussite tient moins à une originalité dont on a que faire qu'à cette faculté (ou pas) à capturer un feeling morbide en même temps que des ambiances de caveaux humides. Après une démo de rigueur et deux albums, "Wither" témoigne que ses géniteurs ne sont plus des puceaux, désormais artisans d'un metal de la mort dont le caractère traditionnel ne l'exonère pas d'une intensité charbonneuse. Du haut de ses 9 minutes au jus, le titre éponyme confirme l'ambition d'un groupe qui a atteint sa maturité, longue pièce écartelée par de nombreuses fractures sur fond d'atmosphères lugubres. Dans un exercice pas si fréquent pour le genre dont il est question, Decomposed s'en sort avec une déconcertante facilité, prouvant qu'il est à l'aise dans toutes les positions, de la plus brutale ('Into Nothing' qui clôt l'écoute sur une note bien rude) à la plus pesante ('Void'), de la plus rapide ('Submerged') à la plus mortifère ('Downards'), quand bien même il s'enfonce à tous les coups dans les entrailles grumeleuses, à l'image de l'inaugural 'By Nothingness Crowned', amorce aux relents de boyaux qui donne d'emblée le ton. Force est de reconnaître que le death old-school à la suédoise déçoit rarement. En cela, "Wither" se révèle être un modèle du genre ! 3.5/5 (2016)
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