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KröniK | Selvsmord - Andecavis Tenebrae (2014)


Précédé d'une démo (I - Opus), Andecavis Tenebrae incarne les premiers pas discographiques de Selvsmord, horde noire enfantée sur les terres angevines en 2009. Habillée d'un simple mais noble digipack, qu'édite le label Exu Rei Records (Aryos, In Mortis Veritas...), l'offrande impressionne tout du long par ses ambiances malsaines et mélodiques qu'une accroche féroce rend plus intenses encore. Un rapide coup d'oeil sur le pedigree de ses géniteurs, tous issus, ou presque de l'éphémère Odium Diabolicum des cendres desquelles le groupe est né, suffit déjà à expliquer cette maîtrise (sombrement) éclairée d'un metal noir dont la froideur des teintes se conjugue à la puissance infernale d'une trame aussi tortueuse que vicieuse. Orthodoxe sans être primitif, crépusculaire sans être mortifère, écrit à l'encre noir du désespoir sans être dépressif, encore qu'une plainte telle que Carved By Sins évoque le meilleur du Shining originel, l'art noir forgé par Selvsmord n'innove sans doute en rien, ce qui de toute façon, n'est pas son propos, mais n'en démontre pas moins avec fierté son allégeance à une forme d'expression impie d'une grande pureté. Oscillant entre trois et six minutes au jus, chaque saillie crépite d'une haine dont le vecteur est autant le chant écorché de Zörh-Hïno que ces guitares abrasives et affutées creusant dans le sol  d'obscures crevasses, à l'image de Ce qu'il restera de moi..., certainement un des meilleurs titres du lot, dont les morsures grésillantes répandent un suint sinistre. Des images de ruines, d'un monde en décrépitude, se dressent lors d'une écoute tendue comme une verge triomphante. Émaillé de courtes pistes instrumentales qui participent de cette humanité en perdition (Insomnia), Andecavis Tenebrae suit les méandres sinueux d'une âme tourmentée à travers une reptation tour à tour agressive (Ad Sacrificium) ou plus lancinante (Statue d'escarres), laissant éclater un fiel bouillonnant. Grâce à une écriture dynamique de laquelle ne sont jamais absentent de sourdes mélodies, Selvsmord distille son venin, empoisonnant tout l'espace à des kilomètres à la ronde. Publié en 2014, il n'est pas trop tard pour déflorer cet opus implacable, héritier d'une longue tradition nationale qu'il honore avec sévérité et un sens des atmosphères glaciales et funèbres aussi grave qu'admirable. Souhaitons que le groupe n'en reste pas là et ne rejoigne pas cette (trop) longue litanie de projets prometteurs trop vite avalés par les ténèbres. Fort d'un potentiel qu'on devine encore à peine dépucelé, il serait dommage que Selvsmord ne poursuive pas son œuvre, ce à qu'il vient juste pourtant de renoncer à faire, ayant pris la décision de se saborder avec panache. 3/5 (2016)


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