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KröniK | Jakob - Sines (2015)


Finalement, il existe bien une magie dans le post rock instrumental, magie d’un genre qui parvient toujours à émouvoir, à toucher le coeur alors même qu’il semble avoir tout dit depuis longtemps. Prenez Jakob, par exemple. « Sines », son nouvel opus, le premier depuis « Solace » en 2006, aligne bien sagement tous les invariants propres à ce style très codifié fait de montées en puissance émotionnelles, pilotées par une guitare lourde et stratosphérique à la fois, alternance de respirations intimistes et d’explosions monumentales. Tout cela a été déjà entendu mille fois avant mais ça marche. La magie, quoi. A cela, plusieurs raisons. D’une part, les Néo-Zélandais sont loin d’une bande de puceaux du son, ayant au contraire  une grande expérience au compteur, maturité qu’illustrent des compositions à l’architecture précise, à la construction à la fois fluide et incisive. Jamais l’ennui ou la lassitude ne viennent parasiter une écoute qui nous emporte souvent très haut, à l’image de ‘Magna Carta’ notamment. Bien que formant un ensemble cohérent et unitaire, tous les titres possèdent les qualités d’un bijou d’orfèvrerie dont il n’épousent toutefois pas l’aspect froidement mécanique, pulsant d’une énergie aussi belle que chaleureuse. La six-cordes de Jeff Boyle, tout en sustain déchirant, libère des vagues d’émotions qui se fracassent contre des falaises rythmiques au socle massif. L’énorme (à tout point de vue) ‘Resolve’ témoigne parfaitement de cette inspiration puissante et de cet art de l’élévation orgasmique. D’autre part, la nature même du groupe lui permet de se distinguer du tout-venant, trio guitare-basse-batterie qui assure à ce post rock une dynamique accrocheuse. Le résultat est donc là, dans ce « Sines » qui a quelque chose de montagnes russes où se succèdent érections fabuleuses aux éjaculations foudroyantes de beauté telle que ‘Blind Them With Silence’ qui ouvre la marche de la sublime des manières, et pauses plus squelettiques bien que non moins élaborées, représentées par les perles diaphanes que sont ‘Emergent’, ‘Harmonia’ ou bien encore ‘Darkness’. Vous l’aurez compris tout seul, Jakob vient ni plus ni moins d’enfanter un des plus beaux albums que le Post Rock nous ait offert depuis très longtemps, presque une manière de leçon où se trouve réuni tout ce qu’on aime dans le genre mais débarrassé de ce qu’on n’aime justement pas y trouver ! 4/5 (2015)


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