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KröniK | Fange - Purge (2016)


Throatruiner, Lost Pilgrims, Rennes, théâtre d'une effervescence hallucinée... Il est des noms qui, plus que d'autres, plantent un décor, paysage ravagé promesse d'une terrassante coulée de boue. Ceux qui suivent, à raison, ces deux labels n'ont de toute façon que faire d'une chronique comme celle-ci, convaincus avant même d'avoir écouté  de recevoir à chaque fois une belle enclume dans la gueule. Nous pourrions du coup arrêter ici ces quelques lignes. Et quand un groupe a déjà fait parler de lui, c'est à genoux qu'ils sont, la bouche ouverte, prête à accueillir l'infâme hostie.  Tel est le cas de Fange. Là aussi, tout est une question de nom, de celui du quatuor à ceux de ses crachats. "Poisse", "Purge", ça vous créé un univers, sale et sévère, macérant dans une mélange poisseux de foutre et de mazout. A la manière d'un Cult Of Occult, Les Rennais font partie de ces spéléologues extrêmes qui osent s'enfoncer là où personne d'autres avant eux n'a eu l'inconscience d'aller, repoussant chaque fois plus loin les limites de l'audible jusqu'au moment ou l'homme se transforme en bête. Pourtant, faire pire dans la noirceur viscéralement charbonneuse que le séminal "Poisse", EP gravé en 2014 dont les purulents stigmates qu'il a creusés ne sont pas encore prêtes de se refermer, était (presque) impossible. De fait, ce premier long paraît en comparaison étonnamment sage mais c'est une nuance dans la brutalité. Non pas que Fange ait décidé de mettre du sirop dans son réservoir mais la glaise visqueuse qu'il sculpte, ressemble maintenant moins à une bouillie sonore, perdant sans doute en chemin une part de sauvagerie apocalyptique mais gagnant en revanche une force malsaine plus imposante encore, plus lancinante comme un scalpel rouillé qui laboure la chair, témoin un 'Etouffoir' meurtri de lentes perforations. La voix bestiale de Matthias Jungbluth (Calvaiire et boss de Throatruiner Records d'ailleurs), colle idéalement à ce magma qui bouillonne d'une haine bilieuse, laissant Jean-Batpiste Lévêque se concentrer sur l'édification d'un tertre d'ambiances noise. Et le groupe, au diapason d'une sourde violence, emmené également par Benjamin Moreau, guitariste de Huata, lequel abat un travail de sape dissonant et crasseux, n'a toujours pas besoin d'une basse pour forer jusqu'à l'os  une intimité ferrugineuse au fond de laquelle macère un jus mortifère. Bien que composé de six titres aux dimensions massives, vouloir émietter ce "Purge" aux allures de bloc inviolable, semble vain car c'est dans globalité rugueuse et survoltée qu'il prend toute son ampleur, atteint une érection dont on guette l'explosion en ouvrant grand les orifices. Avec toujours les maîtres Entombed et Celtic Frost en maraude, Fange n'en affirme pas moins sa personnalité, rude et intense, poisseuse et souterraine, quoique plus élaborée qu'à ses débuts. Dans son genre, "Purge" écrase tout sur son passage et laisse un goût de sang dans la bouche. 3.5/5 (2016)

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