AU PIF

Abusiveness | Bramy Nawii (2014)



















Abusiveness, ce nom n'évoquera sans doute pas grand chose à nombre d'entre vous. Pourtant, le groupe n'est pas né de la dernière pluie (acide), désormais vétéran de la chapelle noire polonaise pour laquelle il prêche depuis 1991 !

Mais, la faute à une carrière en pointillés où quatre offrandes seulement - sans compter les miettes habituelles entre démos, splits et EP - se serrent les coudes, la horde n'a jamais vraiment réussi à s'extraire de l'ornière de la série B. Fort de son line-up le plus affûté à ce jour, comprenant actuellement une poignée de mercenaires du genre promenant leur cartouchière chez Blaze Of Perdition, Moon, Xaos Oblivion et bien d'autres encore, Abusiveness pourrait peut-être enfin accéder à la division supérieure, aidé par ce "Bramy Nawii" aussi intense que fielleux. Comme souvent avec les Polonais, le Black Metal qu'il forge se veut haineux et brutal, préférant, aux coups de boutoir hypnotiques, les saillies abruptes qui font saigner les muqueuses, à l'image de 'Niezlomni' et ses blasts ininterrompus, notamment.

L'ensemble sonne néanmoins plus accessible (pour l'amateur s'entend !) que prévu grâce à ces nappes de claviers et ces lignes de guitares mélodiques, comme celles qui zèbrent 'Ledzianska Krew'. Le format de certains titres, qui n'hésitent ainsi pas à tutoyer les dix minutes au jus, participe en outre d'une expression moins orthodoxe, plus élaborée également, bien que toujours trempée dans une sinistre noirceur. Placés en fin de parcours, 'Welesowy Cien' et 'Proces' augmentent la valeur ajoutée de ce méfait sans lesquels celui-ci ne serait qu'une agression linéaire quoique parfois tavelée de parcimonieuses mélodies. Ces deux morceaux démontrent que leurs géniteurs ne sont pas avares en ambiances malsaines (surtout le premier), sachant serrer le frein à main quand bien même une vélocité implacable imprime tout du long une puissance de feu que rien de semble vouloir étouffer. Abyssal, le chant de Xaos Oblivion n'est pas étranger au voile sépulcral qui drape tel un linceul malfaisant ce canevas déchaîné. Si on ne saurait considérer "Bramy Nawii" comme un chef-d'oeuvre du genre, ses qualités n'en restent pas moins évidentes, témoignage d'un incontestable savoir-faire. Ceux qui aiment cet art noir polonais dont la violence est heureusement aérée par de  pales rais de lumière, ne seront pas déçus... (14.05.2015 | Music Waves)
                                

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire