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KröniK | Foscor - Those Horrors Wither (2014)


Curieuse trajectoire que celle de Foscor. Au départ modeste artisan espagnol d'un art noir nourri au paganisme ibérique, et à l'arrivée, formation aussi rare que précieuse qui aura su très vite affirmer une signature moins orthodoxe et tout simplement plus évolutive. Que de chemin parcouru en effet depuis "Entrance To The Shadows' Village" sorti en 2004 via le petit label Sacral Productions, malheureusement disparu avec son fondateur, Cédric Ridet de Matutina Noctem. De ce premier album, il ne reste pour ainsi dire rien, ou alors si peu de choses. Faut-il le regretter ? A l'écoute de "Those Horrors Wither", la réponse est négative tant le groupe a non seulement évolué mais s'est avant tout bonifié. Si, de par son expression plus travaillée, "The Smile Of The Sad Ones", seconde offrande forgée en 2007, laissait déjà poindre les signes d'une personnalité ambitieuse, nous étions loin de nous douter que ses auteurs braconneraient quelques années plus tard sur les terres norvégiennes, celles de Solefald, Borknagar et Arcturus... Au risque de perdre en route une part de leur (petit) charme de série B et de leur identité. Pourtant, il serait faux de prétendre que Foscor n'est plus fidèle à son nom, qui signifie 'ténèbres' en catalan car il fouille toujours autant les zones obscures de l'humanité, forant les ombres, creusant la nuit et les démons qui l'accompagnent mais il s'y emploie juste différemment. Sa partition a gagné en clarté sinon en complexité. Et s'il demeure mélodique, notamment grâce au - superbe - chant clair du bassiste Fiar, lequel n'est d'ailleurs pas sans évoquer celui d'un Lazare ou de Kvost (Hexvessel), ce Black Metal dilate une trame tortueuse, sillonnant à travers de sombres corridors. Les ultimes mesures achevant le terminal 'Shysteroos' et l'éponyme 'Those Horrors Wither', que hante la présence de Peter Bjärgo, participent de ces froides atmosphères que ronge une folie contaminatrice. La durée conséquente (sans l'être trop) de leurs compositions permet aux musiciens de bâtir un temple aux fondations tentaculaires, édifice labyrinthique au centre duquel brille un éclat aux noires émanations. Rarement rapides, ces morceaux étalent des ambiances envoûtantes, qui engourdissent avant de prendre au piège le pèlerin séduit par ces lignes faussement rassurantes, à l'image de celles qui irriguent 'Whirl Of Dread', porte d'entrée sombrement hypnotique que vrillent des guitares obsédantes. Balise lumineuse, le chant a quelque chose d'un fil d'Ariane menant directement dans les ténèbres, métaphore des tourments de l'âme humaine. Techniques et sinueuses, témoin ce 'Graceful Pandora' aussi percussif qu'alambiqué, ces plaintes révèlent une richesse d'écriture qui se conjugue à une beauté crépusculaire. Après quatre ans d'absence, Foscor entame un nouveau départ et accouche d'un quatrième opus aux allures de pierre angulaire, joyau d'un Black Metal évolutif épris d'une liberté qui jamais cependant n'étouffe une noirceur tellurique. 4/5 (2015)


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