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KröniK | Cowards - Rise To Infamy (2015)


Si, comme dans une cour de récréation, nombreux sont ceux à se vanter d'être plus méchants que le voisin, rares sont ceux pourtant à l'être réellement. Cowards fait partie de cette minorité de fauteurs de troubles qui ne se contentent pas de montrer les dents, molosse agressif contre lequel il ne faut pas se frotter, si on ne veut pas avoir le bas-ventre déchiqueté. Traînant dans le sillage parisien des Eibon et autre Hangman's Chair, ce qui en dit déjà long quant à sa brutalité crasseuse, le groupe régurgite avec "Rise To Infamy" un deuxième méfait (le troisième en comptant le EP "Hoarder") qui fait très mal aux muqueuses. Ni vaseline ni lents préliminaires pour faire monter un désir tendu à espérer de lui. Au contraire, dès 'Shame Along Shame', les gars crachent leur semence nocive avec une force et une rage cataclysmiques, viol sonore dont l'âpreté  vous frappe au visage tel un uppercut. Julien, le hurleur, dégueule ses tripes trempées dans un nihilisme poisseux tandis que ses comparses sont à l'unisson d'une brutalité aussi vicieuse que survoltée. Et lorsque brutalement, ils serrent le frein à main, fossoyant alors avec des guitares corrosives un gouffre béant d'où s'échappent de malsaines exhalaisons, une chape de plomb s'abat pour écraser toute velléité de salut. En six minutes qui paraissent en faire le double, la messe est dite. Entre hardcore tuméfié ('Never To Shine') et sludge grouillant de haine ('Beyond My Hands'), Cowards ouvre les vannes d'une violence dont le caractère hallucinée fait exploser le compteur Geiger du supportable, de l'audible. Quarante minutes durant, "Rise To Infamy" rumine une colère qui jamais n'est larvée, éclaboussant au contraire les parois de ce tunnel sans fin, plongé dans une obscurité ferrugineuse où sont tapies des menaces de meurtres et d'agressions. Les saillies s'enfilent à un rythme déchaîné, dressant un bloc indivisible qu'aucune lumière ni pause salvatrice ne viennent briser, maintenant tout du long une intensité glaçante.  La maîtrise technique des musiciens qui érigent un mur du son inviolable, rend encore plus terrifiant et abominable cet album enraciné dans une réalité urbaine oppressante, terroir de tous les vices. Et si à l'arrivée, nous ne sommes pas sûrs d'avoir tout compris, cela ne nous empêche pas de tendre déjà l'autre joue... 3/5 (2016)


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