AU PIF

The Fifth Alliance | Death Poems (2015)


Si la musique de bûcheron qui sent sous les bras , est resté pendant longtemps le pré carré des seuls bonhommes, on s'est toutefois habité depuis à voir des femmes investir un genre pourtant des plus testiculeux. S'emparant du micro, ces donzelles n'ont  généralement rien à envier à leurs homologues masculins, leurs jolis minois - ce qui ne gâte rien - ne les empêchant pas de dégueuler leurs tripes avec une robustesse qui force le respect. Hollandais de sol, The Fifth Alliance rejoint donc cette (désormais) longue litanie de groupes de sludge doom façon bulldozer mais avec des seins dedans. Sans la présence, forcément attirante, de la néanmoins furieuse Silvia, il n'est d'ailleurs pas certain que nous nous serions intéressés à ce quintet de dix ans d'âge. A tort. Mais elle est là, caressante parfois, énervée et sortant les griffes le plus souvent. Est-ce à dire que ces mâles compagnons se contentent de faire de la figuration pendant qu'elle éructe ? Que nenni et il serait dommage de passer sous silence le travail qu'ils abattent à ses côtés, comme en témoigne "Death Poems", enclume terrifiante préparée par deux EP et un premier long survenu  deux ans auparavant. Ses compositions fleuves leur doivent ainsi beaucoup, pulsations torrentielles dont les noires sinuosités se cachent dans un substrat aussi massif que granitique. Jusqu'à présent attachés à un format ramassé, les Bataves font cette fois-ci péter les barrières, prennent leur temps pour creuser dans un sol abrupt et rocailleux, des ambiances poisseuses d'une rage désespérée. 'Your Abyss', qui ouvre l'écoute, en constitue l'illustration la plus aboutie. Après une lente amorce, les éléments se déchaînent, le ciel se charge de nuages menaçant près à déverser une bile hargneuse. Dont acte. Et si le tout manque parfois de nuances sinon de variété, encore qu'un titre tel que 'Dissension' affiche une surface que perforent maintes crevasses, œuvre d'un groupe qui, reconnaissons-le, n'innove en rien dans un style il est vrai aussi encombré que balisé, l'amateur éclairé saura goûter comme il se doit cet opus dont les tentaculaires racines s'enfoncent dans les profondeurs de la terre. Les musiciens érigent à l'unisson un véritable bloc de matière brut qu'aucune lumière ne vient polir. Lignes vocales écorchées et guitares épaisses comme des câbles à haute tension, quoique parcimonieusement atmosphériques, sont les puissantes excavatrices de cet album figé par une douleur mortifère. Pas très orignal sans doute mais d'une noirceur étouffante, viciée qui fait de lui une très recommandable pioche. ConSouling Sounds et Breath Plastic, qui l'éditent respectivement en CD et en cassette, ne s'y sont d'ailleurs pas trompés. On peut leur faire confiance... 3,5/5 (2016)


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