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Cardinals Folly | Holocaust Of Ecstasy & Freedom (2016)


Quoi de mieux qu'une paire de seins sur une pochette pour attirer les vicieux que nous sommes ? Ainsi, il ne nous en faut souvent guère plus pour poser une oreille sur un disque qui, sans cet artifice facile, nous aurait peut-être tout simplement échappé. Reste que, même orné d'un visuel moins aguichant, « Holocaust Of Esctasy & Freedom » aurait quand même fini par atterrir sur notre platine. Pourquoi ? Parce que son auteur, Cardinals Folly, demeure quasiment le dernier fils spirituel d'un Reverend Bizarre jamais remplacé, à maintenir une forme rassurante, au rythme d'une sortie tous les deux ans. Et si cette troisième hostie, sans compter la compilation « Strange Conflicts Of The Past », témoigne encore une fois qu'il n'égalera jamais vraiment son aîné, car il lui manquera toujours cette démesure mythologique et cette touche de génie qui ont permis au trio précocement sabordé, d'inscrire pour l'éternité son nom dans la pierre du doom, finlandais ou non, elle dévoile toutefois un groupe en pleine érection créatrice. La référence à son père nourricier ne s'arrête pas à sa forme ternaire guitare/basse/batterie car Cardinals Folly adopte des modelés sentencieux identiques d'un art aussi doloriste que granitique. Empreint de cette solennité mélancolique, le chant du bassiste Mikko Kääriäinen se confond (presque) avec celui du grand Albert Witchfinder tandis que la guitare de Juho Kilpelä partage avec la Gibson de Peter Vicar cet élan tellurique capable de secouer les piliers d'un édifice solidement ancré dans la roche. Et sans être aussi jusqu'au-boutiste dans son expression pachydermique, le trio sait, à sa mesure modeste, faire jaillir de ses compostions cette étincelle qui enflammaient jadis celles du révérend. 'Goats On The Left' ou 'Her Twins Of Evil', tous les deux zébrés d'une éruption de six-cordes, le second voyant en sus son tempo s'emballer en fin de parcours, sont les témoins de ces poussées sismiques. Cardinals Folly mérite toutefois mieux que cette comparaison systématique avec son éternel modèle. Ramassé et caillouteux, son doom traditionnel charrie une noirceur ténébreuse dont le vecteur est ce chant haut perché mais parfois caverneux que soulignent comme un burin des lignes de guitare chargées d'un suint mélancolique, à l'image d'un 'Psychomania' épique, pièce longue de plus de huit minutes au jus qui amorce une conclusion abyssale incarnée par 'La Papesse', plainte pesante que mine une douloureuse inexorabilité. Vierge de folie et un peu trop monotone, encore que ce soit le genre qui le veuille, « Holocaust Of Esctasy & Freedom » se révèle être un bon disque, typique de ce true doom à la finlandaise et peut-être le plus abouti de ses géniteurs. 3/5 (2016)


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