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WOWS | Aion (2015)


Pour parler franchement, nous n'attendions pas vraiment grand chose de "Aion", deuxième opus de WOWS, obscur collectif italien dont le séminal "War On Wall Street" (2013) n'a jamais atteint nos esgourdes. L'étiquette "Atmospheric doom / Post metal" collée sur le coin de la gueule et les influences annoncées, Tool, Pelican, Neurosis, n'étaient pas non plus pour nous rassurer quant à un contenu qui de prime abord devait sentir bon le rabâché. C'est donc d'une oreille distraite, avons-le, que nous avons entamé l'écoute de cette rondelle. Et contre toute attente, à des années lumière de la soupe tiède que nous craignions de découvrir, c'est un art puissamment inspiré qui déploie finalement ses grandioses ramifications. Certes peu novateur et évoquant en cela, outre les groupes déjà cités, A Storm Of Light, notamment pour le chant de Paolo Bertaiola, lequel n'est pas sans rappeler celui de Josh Graham, habité et teinté d'amertume, WOWS compense cette (toute relative) faiblesse par la force émotionnelle expulsée de ses pulsations tumultueuses et qui emporte tout. S'il s'articule autour de huit pistes, "Aion" fait clairement partie de ces albums indivisibles qui ne peuvent être appréhendés que dans leur foudroyante unité. Enchaînés les uns aux autres dans un ordre qui ne peut être bouleversé, tous les titres semblent être reliés par un lien invisible. Passée une entame sombrement lancinante ('Alexithymia'), déboule un 'Chakpori' orageux, propulsé par une rythmique qui moissonne ce sol meurtri. Ancrées dans la terre, les guitares charrient un désespoir tragique que soulignent des vocalises empreintes d'une contrition tendue. Durant presque sept minutes, les Italiens creusent un relief accidenté avec une effrontée maîtrise. Mais à partir du morceau suivant, 'Alaska',  les traits de l'album évoluent en même temps que le tempo ralentit et se fait plus pesant, réceptacle d'une faute immense qui ne peut être pardonnée. L'écoute se fige, prisonnière de regrets inexorables, une tension sourde gronde alors sous la surface qu'on sent prête à exploser mais l'éjaculation ne survient pas, le groupe préférant jouer sur l'attente et la montée d'un désir orgasmique qui atteint son point culminant avec 'Rwika' dont la montée en puissance est préparée par l'instrumental et squelettique 'Path Of Decay. Sur fond de rouleaux de batterie qui s'abattent contre une falaise de mélancolie, cette douloureuse élévation est irriguée par ces lignes vocales qui procurent des frissons tandis que les guitaristes érigent un mur robuste qui suinte pourtant une tristesse absolue. Avec 'Hades', l'écoute descent une marche supplémentaire vers les profondeurs  alors que le chant se pare d'une agressivité inédite qui se répand jusqu'aux fondations du terminal 'Abraxas' lequel, du haut de son quart d'heure pétrifié, ferme cette marche funéraire de la seule manière possible, définitive et sans espoir de retour. Fort de cette offrande faite à la déesse doom, WOWS se voit d'un coup propulsé vers des sommets. Parviendra-t-il à faire surpasser ce "Aion" de haute volée ? Nul ne le sait encore mais quand bien même il ne réussirait pas à transformer l'essai, au moins aura-t-il accouché de ce pavé sublime. (2016)


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