A l'instar de bien d'autres créatures de la nuit, architectes d'un art vicié aux confins du black le plus caverneux et du death le plus evil, Ifrinn prend soin de cacher l'identité de ses membres et d'en dire le moins possible à son sujet, manière pour cette entité de se confondre avec les ténèbres dont il cherche à capter le suint obscur. A peine savons-nous que la bête est tapie quelque part en Ecosse. Voilà. Quand les balises, les repères habituels sont effacés, n'existent pas, il ne reste donc plus que la musique à laquelle se raccrocher, vertigineuse descente dans les arcanes de l'indicible. Démo séminale d'une petite trentaine de minutes peut-être, cette offrande n'en demeure pas moins riche d'un potentiel effrayant qui ne fait encore qu'affleurer à la surface de cet art noir labyrinthique. Son visuel cryptique et cyclopéen constitue un premier contact précieux car promesse d'une plongée infernale dans les entrailles de la terre, sans espoir de retour. En cinq compositions au souffle méphitique, Ifrinn creuse la roche sinistre de cavités souterraines au fond desquelles infuse une négativité absolue. Que ce soit le vénérable Iron Bonehead qui l'édite n'est pas surprenant car il s'agit d'une offrande selon le coeur du label, abyssale et intense, capable de gommer, d'avaler toute source de lumière sinon de chaleur alentour. Aucune trace de beauté même fugace ne vient jamais polir ce bloc terrifiant qui fore l'obscurité opaque telle une excavatrice mortifère. Emaillée par deux suffocations sinistres et instrumentales au souffle lugubre ('Descent Into Shining Labyrinths' puis 'Sulphurous Oscilliations'), cette démo déroule des entrailles tentaculaires qu'incarnent trois longues pulsations aux allures de dédales infernaux qui serpentent dans des abîmes lovecraftiens, alternant pénétrations frénétiques et coups de boutoir rampants ('Dweller Within The Gulf'). Guitares accordées plus bas que terre qui vibrent d'une vicieuse malignité et hurlements qui percent la nuit forment les arcs-boutants de cet édifice tendue comme une verge aux dimensions bestiales et gonflée d'une semence haineuse. Le plus terrifiant - et donc le meilleur - est pour la fin avec 'These Darkned Shrines' dont les sept minutes gravitent au bord d'un gouffre sans fin. Pour conclure, Ifrinn fait partie de ces bestioles obscures qui renouent avec le mal originel, réussissant à capturer cette essence ténébreuse comme s'il avait vu la nuit dans les profondeurs d'une crypte impie. 3.5/5 (2016)
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