Bien sûr, les mauvaises langues argueront que Bubonic Christians n'a (presque) que deux titres - mais quels titres ! - dans sa maigre besace. La présence répétée de Morbid et de Let Me Piss On Your Grey Stone, tout d'abord sur la démo séminale, puis sur le récent split partagé avec Eternal Majesty et enfin sur The Puppets Of Satan, qui nous intéresse aujourd'hui, semble donner, à première vue, raison aux grincheux. Les mêmes ne manqueront peut-être pas de souligner que ce EP, une fois vidé de ces deux titres et d'une (longue) outro, sur laquelle nous reviendrons, ne se réduit finalement qu'à une petite doublette de six minutes et trente secondes, montre en main. Pas faux. Pourtant à l'arrivée, on s'en fout pas mal. Car déjà, ce n'est pas tout à fait vrai. Car, décidément, on ne se lasse pas de ces deux scarifications déjà connues, véritables scalpels trempés dans la rouille qui labourent la peau, creusant dans la chair des stigmates qui ne s'effaceront jamais, pas même avec le temps. Avec ses relents thrash, Let Me Piss On Your Grey Stone crache une semence obsédante, imprime un tempo implacable, emporté par ces riffs pollués qui grésillent tandis que le chant bestial et inaudible copule avec une batterie survoltée, le tout garanti sans OGM et première prise, comprendre que le son est dépouillé, vierge de quelconques artifices. C'est la pureté du mal originel, l'énergie rustre et spontanée que cette hydre à deux têtes cherche à saisir, ce qui ne l'empêche pas de soigner un écrin simple mais recherché. Capturé lors d'une seule session, The Puppet Of Satan vibre, à l'instar de ses prédécesseurs, d'un feeling ferrugineux, dans ses veines coule une sève méphitique, comme l'illustrent aussi les trois crachats suivants. Après une intro pesamment heavy, The Land Of Ropes démarre ensuite, irrigué par ces lignes de guitare aussi déglinguées qu'obsédantes. Le tout est plié avec la rapidité d'un éjaculateur précoce. (Un peu) plus long, le titre éponyme se veut aussi plus intéressant bien que son architecture semble identique, également basé sur de lents préliminaires, vite balayées par un tempo qui brutalement s'accélère. Mais, sa durée le lui permettant, The Puppet Of Satan voit ses traits perforés par de nombreuses cassures. Et avec toujours ce sens de l'accroche venimeuse qui vous hante longtemps encore une fois l'écoute achevée. Long de vingt intrigantes minutes, la piste terminale, sobrement baptisée Outro se divise en réalité en deux parties. Instrumentale, la première égrène une mélancolie lancinante, puis, encore une fois, le rythme s'emballe soudainement, avant de mourir peu à peu. La seconde partie ne surgit enfin qu'après plusieurs minutes de silence, constituée d'une répétition durant laquelle on peut entendre, comme le témoin caché d'un rituel séculaire, Alcoholichrist et Waste interpréter Morbid et Let Me Piss On Your Grey Stone, manière de boucler la boucle en somme... 4/5 (2015)
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