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Triptykon | Shatter (2010)


On ne saurait considérer Shatter comme une simple rondelle composée de chutes de studio et d’un peu de live pour atteindre une durée raisonnable, le tout afin de capitaliser sur l’onde de choc libérée par la première offrande de Triptykon, projet – est-il vraiment besoin de le préciser - post Celtic Frost de Tom G. Warrior. Non car plus qu'un simple EP, il s'agit plutôt du dernier côté d’un édifice vertigineux, celui baptisé Eparistera Daimones, dont on ne peut mesurer les dimensions lovecraftiennes qu’une fois ses deux pans réunis. Davantage que les deux reprises de Celtic Frost capturées au roadburn, festival devenu La Mecque des musiques lourdes et extrêmes, certes intéressantes, surtout la seconde des deux, « Dethroned Emperor » qui voit le Nocturno Culto (Darkthrone) brailler un coup, ce sont surtout les trois pistes inédites issues des sessions de 2009 qui méritent le détour. Si « Shatter » épouse les courbes les plus atmosphériques dont est capable Triptykon, grâce à ces lignes vocales féminines aussi envoûtantes que brumeuses (toujours dues à Simone Vollenweider), quand bien même on retrouve les aplats plombés du maître des lieux, froids comme la roche en hiver, « I Am the Twilight » fait quant à lui plus que vous glacer le sang. Il ravive les plaies les plus noires, les plus négatives que Eparistera Daimones, distillant des ambiances étouffantes, figées dans un substrat à l’aura démoniaque qu’aucune lumière ne vient jamais éclairer. Soit plus de sept minutes de cauchemar pour une excavation profonde dans une mine de charbon, que guident des riffs qui hurlent, véritables appels de l’Enfer lui-même. Ce triptyque inédit s’achève avec le (quasi) instrumental « Crucifixus », ode Ambient et mortifère d’une ténébreuse beauté qui ferme sur une note crépusculaire et sans espoir ce premier chapitre d’une nouvelle carrière dont on espère qu’elle ne sera pas aussi chaotique que celle de Celtic Frost. Complément essentiel d’Eparistera Daimones, Shatter permettra peut-être à ceux qui serait passer à côté de cette pierre angulaire du Black Metal contemporain, de corriger cette lacune regrettable car on tient là une entité qui redonne tout son sens au mot "noir".  (2010)


                      

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