Khaos-Dei, avec un « K » pour bien signifier sa différence par rapport à tous les Chaos Dei avec un « C » pullulant déjà, n'a certes vu la nuit qu'en 2003 mais ne saurait pour autant être confondu avec une bande de puceaux du son qui viennent juste d'être touchés par la Grâce de l'art noir. Si, à l'exception de Nacht, qui promène depuis longtemps sa carcasse au sein de la chapelle impie hexagonale (Fornication etc...), les membres composant ce trio nous sont inconnus, leur maîtrise du genre n'en est pas moins totale, genre qu'ils rongent avec crasse et fureur. Et une bonne dose de vices. Faisant fi des préliminaires de rigueur, ils crachent avec Tell Them Lucifer Was Here, un premier méfait joyeusement ( ?) démoniaque qui ne s'embarrasse d'aucuns artifices ni afféteries. Bref, en un mot comme en cent, Khas-Dei, c'est du brutal, du Evil, du garanti sans vaseline mais évite d'être bordélique. Comprendre que les gaillards ne cachent pas leur misère derrière le paravent d'un enrobage dégueulasse. Ils n'ont pas besoin non plus de prendre des poses étudiées en faisant la gueule, le visage peinturluré comme de tristes pandas, pour mettre bas un méfait saignant de pur Black Metal, pesamment haineux et dont l'agressivité rampante ne grève en rien une écriture plus travaillée qu'il n'y paraît de prime abord. Et si les commentaires des musiciens qui se font entendre ici et là, comme lors des dernières mesures de 'L'office du divin', n'apportent pas grand chose à sa noirceur vicieuse, l'opus n'en souffre pas car il en a suffisamment entre les jambes pour bien enflammer les muqueuses. Propulsé par une prise de son qui claque et émaillé de quatre courtes et sinistres pistes instrumentales ('Et l'univers'), Tell Them Lucifer Was Here emporte tout sur son passage tel un panzer en pleine invasion de la Pologne. Et s'il serre souvent le frein à main, c'est pour mieux dresser une verge d'une dimension monstrueuse, gonflée d'une semence aussi venimeuse que maléfique. A une brutalité bas du front, le trio roublard préfère la puissance sournoise, les virages et angles morts à la banale ligne droite. 'Dans l'enfer plombant' résume ainsi parfaitement ce propos vicieusement addictif. Etonnamment, nombre de compos, que l'on sent taillées pour les rituels scéniques, donnent presque envie de taper du pied, à l'image de 'l'oeil', que déchirent des break thrashy. A la fois orthodoxe dans son expression dissonante et polluée ('Mort naissance') mais pourtant très actuel dans sa façon de le travailler tel un matériau obscur, le black metal forgé apr Khaos-Dei n'appartient déjà qu'à lui. Un futur grand ? Très certainement. (2015)
Je suis heureuse d'avoir trouvé mon dealer avec tes chroniques.
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