Auteur il y a six ans d'une unique démo qu'on a longtemps cru orpheline, Alien Syndrome 777 livre donc enfin son premier méfait longue durée, même s'il n'est pas si long que ça, avec ses 35 minutes au garrot. Mais Outer a-t-il besoin de plus pour tout ravager sur son passage ? Non et c'est très bien ainsi. Vous l'aurez donc deviné, le trio abat le petit bois dans une veine froidement industrielle, Black Metal futuriste et d'avant-garde. A l'origine, projet de Alessandro Rossi (Emrevoid) dont on reconnaît le goût pour les structures bizarres et quasi évolutives mais désormais montage européen entre l'Italie donc mais aussi l'Espagne (pour le chanteur Oscar Martin) et la France (le claviériste de HKY, Vincent Cassar), il s'agit presque en définitive d'un nouveau départ pour Alien Syndrome 777 que beaucoup découvriront avec ce Outer d'une étouffante densité, dégueulant de tous les côtés à tel point qu'il paraît durer deux fois plus longtemps. Sur un maillage ultra serré, ce programme, qu'encadrent deux pistes aux confins de l'Ambient hanté et coupé en son milieu par une courte pause, manière d'avaler une bouffée d'air avant de replonger dans ses corrosives arcanes, martèlent un tempo saccadé en une cadence à la fois reptilienne et stromboscopique. Emporté par une rythmique mécanique, ce sont de chaotiques et hallucinées perforations qui défilent, s'enchaînent en une transe stridente qui ankylosent avant d'envoûter cependant, magma ferrugineux où copulent chant hargneux, guitares nucléaires, boucles syncopées et effluves spatiales. Tels sont 'Symmetriads" et tous les autres, véritables concentrés bouillonnant d'une négativité pulsative. Propulsés par une énergie démoniaque, ces titres ont tous quelque chose de plaques tectoniques qui se chevauchent, empilements viciés de strates abrasives. Cela pourrait être épuisant et aurait dû l'être mais le groupe sait heureusement aérer, quoique avec parcimonie, une trame écartelée par des breaks et ruptures à foison et que mitent ici des voix claires qui surgissent à la manière d'une oasis dans le néant, à l'image de 'The Bleeding Anthill Of The Universe', drapé de nappes électroniques enveloppantes, là des bruitages étranges qui grouillent en une prolifération inquiétante ('To Balance And Last'). Et si au final, on n'est pas très sûr d'avoir tout compris, on peut être au moins certain d'une chose, qu'Alien Syndrome 777 fait vraiment très mal, détenteur d'un potentiel qu'on devine monstrueux et à peine dépucelé par cet opus dont on ne sort pas indemne... (2015)
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