Il est toujours étonnant de voir comment une terre aussi ensoleillée que la Californie, temple des apparences, peut cependant être le terreau d’une scène Black Metal fertile et pas des plus affables. On pense bien entendu à Xasthur ou à Leviathan, mais aussi au méconnu Haeresiarchs Of Dis qui, comme ses aînés, adopte la forme d’un on-man-band. Bien que secondé de temps à autre par divers intervenants/accessoires, Cernunnos, puisque c’est comme cela qu’il s’appelle, est une pieuvre enfermée dans sa cave. Chant, guitare et programmation n’ont aucun secret pour lui. Quoique déjà auteur d’une démo et d’une première prière pour les morts, beaucoup le découvriront sans doute avec Denuntiatus Cinis, tourbillon cauchemardesque et épuisant d’un art noir extrêmement sombre, baroque et tendu comme une verge. Etouffant. Prétendre que l’Américain ne facilite pas la pénétration de son univers tient de l’euphémisme tant il parait peu aisé de s’enfiler d’une seule traite les 77 minutes que dure ce méfait, alternance entre longues et furieuses scarifications aux angles ténébreux (« Intent The Augury », « Intent The Proem ») et courtes pauses qui permettent de reprendre un petit peu son souffle (« Bemoan The Fallen »). Parfois au bord de l’indigestion, Denuntiatus Cinis est une œuvre tentaculaire d’où jaillissent des fulgurances (« Ad Baculum », que zèbre un chant clair à la Solefald) mais dont l’extrême densité l’empêche de s’imposer réellement. Bref, de bonnes idées, un sens de la négativité palpable, des passages assez sublimes par moment mais le disque est bien trop long, à l‘instar déjà de son prédécesseur, Overture, il y a deux ans. Cernunnos aurait été bien inspiré de donner quelques coups de ciseaux de ci de là. N’est pas Leviathan qui veut, influence évidente d’un projet néanmoins intéressant en cela qu’il développe un Black Metal extrêmement dur et tortueux. (2010)
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