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Orkan | Livlaus (2015)


Bien qu'il ne soit plus un puceau de l'art noir, ayant vu la nuit en 2008 et auteur d'un premier méfait quatre ans plus tard, nombreux sont pourtant ceux qui découvriront Orkan avec ce "Livlaus" aux allures de nouveau départ, ce qu'il doit beaucoup à l'exposition que la signature avec le très estimable label Dark Essence Records ne manquera pas de lui conférer. Né plus ou moins des cendres de Enchanting Darkness, obscure formation certes toujours officiellement active mais qui n'a réussi à accoucher que de deux démos, le groupe accueille surtout en son sein deux anciens membres de Taake (en live uniquement), le bassiste Sindre et le guitariste Gjermund Fredheim, également musicien de session chez Syrach. La partition que livrent les Norvégiens ne noue toutefois aucun lien avec le premier et encore moins avec le second. Point de doom à l'horizon donc, du black metal certes mais plus agressif et rapide que celui sculpté par Hoest qui, avec Taake, a toujours privilégié les ambiances à la brutalité pure. Orkan, lui, ne fait pas vraiment dans la dentelle ni dans le point de croix, assénant un metal noir aussi intense que viscéral, aux confins du thrash, témoin par exemple ce 'Uforgjengeleg' que laminent des riffs comme des scalpels rouillés. En sept saillies abrasives, les Scandinaves font saigner les muqueuses. Trop peut-être, diront certains, regrettant un album vierge de véritables nuances, qui fonce pied au plancher sans jamais serrer le frein à main, jusqu'au furieux 'Skodde', point final  dont la cadence effrénée se voit cependant brisée lors d'une dernière partie plus lente, plus pesante. Si "Livlaus" possède une faiblesse, celle-ci réside sans doute en réalité dans le fait de démarrer avec son meilleur titre. En effet, du haut de ses (presque) dix minutes au jus, 'Fanden Pa Veggen' écrase tout sur son sillage avec sa longue entame tournoyante, ses accords grésillants et le break redoutable qui le perfore. Oscillant entre déflagrations trapues ('Brende Bruer Svart Metall', qui n'est pas sans évoquer le Enslaved d'autrefois, notamment pour ses lignes de chant) et pulsations granitiques ('Livlaus 1 et 3'), le reste ne reproduit jamais vraiment cet orgasme initial sans que cela ne grève la valeur d'une offrande parfaitement maîtrisée, édifice sinistre aux contours abrupts, exaltant les forces obscures d'un black metal rapide et venimeux. (2015)


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