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Dwell | Vermin And Ashes (2014)


Demo tape d'une vingtaine de minutes éditée en 2013 par Deadbangers, Ash Tombs avait réussi en trois titres seulement, à nous ferrer, petite cathédrale abritant un doom death austère et grisâtre déjà rempli jusqu'à la gueule de grandes idées. La chapelle danoise étant sans doute des plus minces, les musiciens à l'origine de Dwell ne nous sont pas inconnus, side-project du guitariste Allan B. Larsen d'Altar Of Oblivion et de son compère au sein de The Vein et Church Bizarre, le chanteur Jens B. Pedersen. Ce respectable pedigree n'est d'ailleurs étranger ni à la qualité de ce jet séminal ni à cette inspiration aussi belle que sentencieuse. Sans faire de lui un messie attendu de pied ferme, reconnaissons cependant que les espoirs placés dans ce premier album étaient grands. Vermin And Ashes est-il à la hauteur de ceux-ci ? Si l'on est d'abord un peu frustré de ne découvrir finalement que trois nouveaux titres (sur six !), le reste reprenant l'intégralité de la démo, cette déception se trouve vite balayée à la fois par le plaisir de réécouter les morceaux de Ash Tombs toujours aussi puissamment mortifères et par l'excellence des pistes inédites. Celles-ci peinent pourtant au début à s'imposer face aux grandioses 'Become The Void', instrumental sinistre tout en ambiances glaciales, et plus encore 'Plunging Into Ash Tombs', que cisaillent les riffs cendreux d'Allan B. Larsen dont on reconnaît bien la griffe, ici toutefois moins mélodiques que chez Altar Of Oblivion. Mais, les écoutes aidant, la première partie de l'album se révèle finalement, par petites touches, corpus moins immédiat, plus complexe sans doute aussi, ce qu'il doit probablement à un line-up enrichi que complètent désormais quatre autres mercenaires, pour la plupart issus de la même famille (de The Vein en particulier). Devenus un vrai groupe, les Danois peuvent explorer une écriture des plus personnelles, granitique et menaçante mais qui gronde d'une beauté souterraine, à l'image de 'Pathless And Dormant', autre titre (presque) instrumental, hanté par des nappes brumeuses et des voix sépulcrales, illustrant encore une fois cet art des atmosphères fantomatiques. Labyrinthiques, 'Vermin In My Arteries', émaillé de lignes de guitares belles à pleurer et 'A Collapse Sublime', aux atours tout d'abord plus abruptes, bien qu'il soit lui aussi enténèbrés par des claviers aux teintes spectrales, ont quelque chose de gemmes noirs nichés au fond d'une intimité longue à déflorer. Cela une fois fait, on mesure combien est grand cet opus, théâtre d'un Doom Death vraiment particulier. (2015)


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