Si les compilations n'ont, en règle générale, que peu d'intérêt, tel n'est pas le cas de De Ritibus Morbiferis - Demo Compendium. Pourquoi ? Parce que le sujet de cette somme n'est autre que Délétère, soit une des hordes les plus excitantes de la chapelle québécoise. Parce que son contenu, agrégat des démos Inoptia et Morbo et Sacrificium Necrothytum, éditées respectivement en 2012 et 2013 par Les Productions Hérétiques et désormais épuisées, permet justement à ceux qui n'ont pas eu la chance de se les procurer à l'époque en format cassette, d'en découvrir la teneur. Parce que cet art noir venu de notre ancienne colonie possède une identité qui lui est propre et nous est chère, glaciale et sinistre à sa manière qui ne doit rien aux Scandinaves. Parce que. Quoi de mieux, alors que ses auteurs, Atheos (Monarque) et Thorleïf (Utlagr), nous offrent en même temps et chez le même Sepulchral Productions, un premier méfait, baptisé Les heures de la peste, forcément très attendu, que de se (re)plonger dans ses deux esquisses. Dont acte. Composé de neuf pistes, c'est très simplement que De Ritibus Morbiferis s'ouvre sur celles ornant Inoptia et Morbo. Drapées dans un suaire aux teintes liturgiques à l'image des lugubres 'Credo' et 'Escarre' qui les encadrent, ces plaintes labourent les chairs d'un Black Metal lancinant mais mélodique où les guitares grésillantes s'accouplent à des claviers gothiques ('Une lampée de Ciguë'). Tout est dans les atmosphères, morbides ('Le cantique des vers') et funéraires dont le pinceau est aussi incarné par un chant crépusculaire. Se succèdent ensuite les quatre titres animant Sacrificium Necrothytum, tout d'abord étonnamment rapides ('Milites Pestilentiae', 'Sales vestales') avant de s'enfoncer au fond de méandres reptiliennes, à l'image de 'Terveneficus' , pulsation sinistre engourdie par un cinglant désespoir qui n'est pas sans rappeler Forteresse, puis l'éponyme 'Sacrificium Necrothytum', rituel incantatoire aux confins de la Dark Ambient dont les bourdonnements malsains sont peu peu avalés par un orgue fantasmagorique duquel s'échappent des notes grêles résonnant dans une cathédrale impie en un final sombrement grandiose. Bref, De Ritibus Morbiferis - Demo Compendium se veut la porte d'entrée idéale pour qui souhaite découvrir Délétère, artisan majeur de cet art noir typique de l'école québécoise. (2015)
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