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Celestial Dirge | Cerulean Arcanes (2015)


Celestial Dirge. Finalement, tout est dans l'ambivalence de ce nom charriant des images à priori opposées, contradictoires, faites de beauté, de spiritualité d'un côté, de noirceur funèbre, de contemplations mortifères de l'autre. Entre ombre et lumière, entre clair et obscur, entre puissance élégiaque et pesanteur mécanique, telle est l'identité tant sonore que thématique, tout du long écartelée, cuisses béantes qui mettent à nue une intimité dont les méandres ténébreuses sont comme une porte ouverte vers un inconnu paré de mystérieuses promesses. La chose porte l'incontestable marque du label Distant Voices en cela qu'elle répond à la plupart de ses critères, entité étrange sur laquelle on ne sait (presque) rien si ce n'est le fait qu'elle est l'oeuvre de deux créatures anonymes ayant vu la nuit en Amérique du Nord, entité qui érige un art organique et saccadé qui maraude quelque part entre Black Metal, Ambient et Drone. Cerulean Arcanes est son premier râle de mort, souffle terrifiant comme expulsé des entrailles de la terre. C'est un EP qui s'arc-boute autour de deux longues pièces instrumentales, lesquelles remplissent pas loin d'une demi-heure de sonorités et hypnotiques et oppressantes à la fois. Sa forme le permettant, plongeons-nous dans les sombres arcanes de cet opus. Long de près de 18 minutes, '33' est une pulsation aux dimensions monumentales et aux telluriques ramifications. Elle n'est d'abord qu'un son désincarné qui s'élève peu à peu. Puis son pouls commence à se faire entendre, perçant la surface. Mais il faut attendre la moitié de son parcours pour que le titre démarre réellement, s'emballe enfin, emporté alors par une batterie programmée cependant que des rushs de guitare permettent de larguer les amarres. D'un coup, nous voilà propulsés dans un trou noir au bout duquel pourtant brille pourtant une pale lumière, celle qu'irradient des sphères célestes aux allures de Graal spirituel. Un (peu) plus court, 'HVR' se veut plus contemplatif dans son expression tout d'abord presque immobile, étendant à l'infini un tapi aux motifs aussi répétitifs qu'obsédants qui confinent à une forme de transe abyssale. Une sorte de langueur glaciale en fige la progression, où les tentatives de mouvement sont vite avortées au profit d'une exploration en apnée dans les profondeurs d'une obscurité sans fin... Vide de sens pour certains, "Cerulean Arcanes" est pourtant l'acte de naissance d'un projet qui devrait être passionnant à suivre. (2015)


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