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Lotus Thief | Rervm (2014)



















On peut toujours faire confiance à Svart Records pour dénicher de talentueux projets. La liste est longue de ces découvertes, aussi belles que singulières. Lotus Thief ne devrait pas faire tâche au milieu d'un catalogue parmi les plus respectables.

Forant habituellement plutôt la terre européenne, le label commence à braquer ses têtes chercheuses de l'autre côté de l'Atlantique, puisque cette nouvelle signature est basée à San Francisco, origine guère surprenante puisque ce duo partage avec d'autres groupes californiens tels que Amber Asylum ou Worm Ouroboros une même vision de la musique, à la fois tragique et évolutive, féminine également pour le chant de Bezaelith (Botanist, The Night Falls), tout aussi douloureusement profond que celui de ses aînées. Ceci étant, les comparaisons s'arrêtent là car Lotus Thief forge un art qui n'appartient qu'à son hydre à deux têtes, art que celle-ci a baptisé "Text Metal" (?). Le nom de cette première offrande comme son artwork évoquent effectivement une dimension cérébrale. Sorte de concept-album, "Rervm" repose ainsi sur un long poème daté du Ier siècle avant Jésus Christ, "De Natura Rerum", écrit par le philosophe Lucrèce.

Cette inspiration scientifique détermine les sonorités progressives, entre Ambient duveteux et Space Rock atmosphérique, d'un canevas complexe fait de longues pulsations en forme de dédale et dont les lignes vocales de la belle sont le fil d'Ariane. Sur un substrat assez lourd sont tricotés d'envoûtants aplats d'une puissance hypnotique aussi sombre qu'ensorcelante. Poème composé de six livres, l'œuvre se divise en autant de chapitres, et une vie entière ne suffirait pas à en déceler tous les trésors. Plutôt que de les décrire chacun en détail, ce qui aurait pour conséquence de leur ôter une bonne part de leur impénétrable mystère, contentons-nous de n'en citer que quelques-uns. Commençons par l'inaugural 'Aeternvm', envolée de plus de 8 minutes que nappe un brouillard d'atmosphères étranges et que cisaillent divers changements de rythme, piste tour à tour rapide ou pesante, noire et silencieuse lors d'une conclusion aux confins de l'Ambient. Citons aussi le superbe 'Discere Credas', titre vallonné emporté par le chant émotionnel de la jeune femme tandis que son acolyte tisse des lignes de six-cordes stratosphériques, belles comme un chat qui dort. A l'image de ses géniteurs, "Rervm" est un opus aussi étrange qu'inclassable auquel nous pourrions coller plusieurs étiquettes - doom, ambient, progressif - sans qu'aucune ne soit vraiment convaincante... (15.11.2014 | Music Waves)

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