A l’heure du formatage à outrance, de la musique fast-food aussitôt avalée aussitôt oubliée, qu’il est agréable de découvrir un groupe tel que Valse Noot. Encore que mot « agréable » n’est sans doute pas le terme adéquat pour définir une mixture aussi folle que déglinguée capable autant de captiver que de faire fuir. Car, épris d’une liberté tout azimut, les Brestois ne font à priori rien pour brosser l’auditeur dans le sens du poil, passant toutes leurs influences – bariolées – à la moulinette d’un Free Rock Noise Pyschtrope (c’est eux qui l’appellent ainsi), étiquette qui a au moins le mérite de cerner l’indéfinissable. Les gars citent volontiers Les Melvins et Mike Patton comme source d’inspiration, patronage pour une fois non galvaudé. C’est dire. Bon, tout ça est très bien, mais c’est ça ressemble à quoi, Valse Noot, alors ? A rien, justement. « So Straight Architecture », le premier album des Français, aurait du coup pu être vain, bruitiste et sans queue-ni-tête, empilement incohérent de strates. Ce que, par miracle, il n’est jamais, gageure qu’il doit déjà au talent visionnaire de ses géniteurs qui évitent de se prendre les pieds dans ce maillage (faussement) bordélique. Emportée par un tourbillon aussi fiévreux que frénétique, la rondelle est, on le sent, solidement tenue par des musiciens qui savent très bien où ils vont et où ils veulent nous conduire. Il s’en dégage de fait une espèce de liberté furieuse ainsi qu’un vent de sournoise folie. Tout du long, « So Straight Architecure » gravite au bord de la rupture, injectant dans les veines un poison qu’incarne autant le chant énervé de Def que ce magma instrumental aux allures de partouze. Relativement longues, ces pistes, au nombre de sept, dégorgent de toute part d’un fluide aux couleurs hallucinogènes qui les rendent à la fois alambiquées et généreuses (‘Run Off The Main’) souvent, radicales et entêtantes parfois (‘Delta’), orgamisques toujours. Leur découverte s’apparente à une dérive dans un dédale de miroirs où tout peut arriver, espace tromboscopique duquel jaillit pourtant des geysers de beauté, une beauté certes vicieuse bien que palpable. Aventures et frissons garantis avec cet opus séminal aussi ambitieux que jubilatoire, signé par un quatuor dont on espère entendre (re)parler très très vite et dont on devine que le potentiel reste encore à déflorer. 3.5/5 (2015)
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