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Les Mémoires Fall | Endless Darkness Of Sorrow (2014)


Art de la douleur, le Doom a peu à peu essaimé à travers toute la planète, quand bien même les longues nuits d'hiver, les paysages désolés, forment un cadre plus propice à sa prolifération que des terres écrasées par le soleil. Etonnamment (ou non), l'Amérique latine est parsemée de chapelle en honneur à cette déesse de la tristesse. Fungoid  Stream en Argentine, Mar De Grises, Mourners Lament ou Aura Hiemis au Chilie, sont quelques uns de ses révérends. Les Mémoires Fall a vu quant là lui la nuit au Brésil. "Endless Darkness Of Sorrow" est sa première véritable hostie toutefois précédée d'un split avec Lugubres deux ans plus tôt. Ce curieux nom cache un groupe nostalgique du gothic doom des années 90, comprendre avec du chant féminin accouplé à des grognements de bête en rut dedans donc. La recette est connue et l'intéressé ne cherche d'ailleurs pas à s'en éloigner ni à en briser les codes, ce que confirme de toute façon le caractère inodore du titre de l'album. Et malgré ses faiblesses de forme dont une prise de son qui peine à cacher son manque de moyens et de fond (des voix féminines hésitantes), ce galop d'essai n'est pas sans charme, celui des premières fois, maladroit mais touchant, celui propre à cette scène latine détentrice d'une identité particulière qui n'a rien à voir avec celle des paroisses plus septentrionales. Les Mémoires Fall possède à sa manière, modeste et artisanale (ce n'est pas un gros mot), ce son crépusculaire et ténébreux que l'on croise chez la plupart de ces lointaines formations du Sud de l'Amérique. Evoquant le spectre du UK doom, "Endless Darkness Of Sorrow se déploye par le biais de longues plaintes dont certaines sont très belles, telles que l'inaugural "River Of Pain" ou bien encore "The Sun Fell". Gluants, les claviers soulignent heureusement plus les ambiances qu'ils ne les tracent, rôle tenu par les guitares sécrétatoires d'une mélancolie aux touches à la fois diaphanes et cendreuses. Ce premier opus des Brésiliens est à prendre pour ce qu'il est, rondelle séminale dont le (petit) charme naît justement de ses défauts et de la simplicité de ses traits, agréables à l'heure des disques sur produits. Car le doom a toujours tiré une bonne part de sa beauté, de son âme également, d'un son tout en aspérité. 3/5 (2015)


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