Exception (bien) faite de "The Borrowed World", transposition sonore de "La route", le best seller de Cormac McCarthy, publié en 2013 et l'associant à une autre figure tutélaire de la Dark Ambient, Svartsinn, cela faisait déjà neuf ans avec le remarquable "Horizons" que Northaunt n'avait pas enfanté de nouvel album ! C'est dire à quel point "Istid" était attendu comme une espèce de Graal fabuleux et fantasmé. Cette quatrième offrande est-elle à la hauteur de cette interminable attente ? Inutile en fait de tourner autour du pot : la réponse est affirmative. Forcément. D'autant plus que le Norvégien a plus que soigné son retour, n'offrant pas seulement un simple album mais une double dose d'Ambient arctique. Bien que "voyant la nuit" par le biais du précieux Cyclic Law, que l'on ne présente plus, cet opus pourrait très naturellement se glisser au sein du catalogue d'un autre label, plus confidentiel bien que tout aussi passionnant, l'italien Glacial Movements dont il ne partage pas que le photographe quasi attitré, Bjarne Riesto, mais surtout cette même passion pour les froides étendues polaires, muse gelée qui se pare d'un voile d'étrangeté. Même si elle est divisée en deux parties, l’œuvre réclame d'être appréhendée comme un unique périple à travers ces paysages irréels, presque au bout du monde, là où l'homme n'a pas sa place, comme une verrue qu'il faut détruire. Il est donc vain de vouloir émietter "Istid" au risque d'en atténuer la force sourde tant les huit plages qui le composent semblent se fondre les unes dans les autres en un tout indivisible, longues pistes aux contours flous d'une langueur frissonnante. Insaisissables, elles se drapent d'atours fantomatiques. Crépusculaire et parfois lugubre, l'album capte la beauté mystérieuse de ces déserts blancs. En résulte une bande-son d'où pulse un souffle glacial qui emporte tout, libérant des images puissamment évocatrices. L'écouter seul dans l'intimité d'une pièce avalée par l'obscurité en fermant les yeux tient de l'expérience d'un voyage aussi bien sonore que visuel, guidé par ces nappes froides qui paraissent s'étendre à l'infini pour finalement mourir peu à peu et se couler dans ces terres figées par un silence éternel... Reste que les mots manquent ou semblent vides face à une telle musique dont l'essence se révèle au final impossible à retranscrire fidèlement par l'écrit. D'une grande pureté de touches et de traits, "Istid" signe l'apogée créatrice de Northaunt. Plus que jamais, il illustre que la Dark Ambient ne s'explique pas car elle est une question de foi... (2015)
AU PIF
Northaunt | Istid (2015)
Exception (bien) faite de "The Borrowed World", transposition sonore de "La route", le best seller de Cormac McCarthy, publié en 2013 et l'associant à une autre figure tutélaire de la Dark Ambient, Svartsinn, cela faisait déjà neuf ans avec le remarquable "Horizons" que Northaunt n'avait pas enfanté de nouvel album ! C'est dire à quel point "Istid" était attendu comme une espèce de Graal fabuleux et fantasmé. Cette quatrième offrande est-elle à la hauteur de cette interminable attente ? Inutile en fait de tourner autour du pot : la réponse est affirmative. Forcément. D'autant plus que le Norvégien a plus que soigné son retour, n'offrant pas seulement un simple album mais une double dose d'Ambient arctique. Bien que "voyant la nuit" par le biais du précieux Cyclic Law, que l'on ne présente plus, cet opus pourrait très naturellement se glisser au sein du catalogue d'un autre label, plus confidentiel bien que tout aussi passionnant, l'italien Glacial Movements dont il ne partage pas que le photographe quasi attitré, Bjarne Riesto, mais surtout cette même passion pour les froides étendues polaires, muse gelée qui se pare d'un voile d'étrangeté. Même si elle est divisée en deux parties, l’œuvre réclame d'être appréhendée comme un unique périple à travers ces paysages irréels, presque au bout du monde, là où l'homme n'a pas sa place, comme une verrue qu'il faut détruire. Il est donc vain de vouloir émietter "Istid" au risque d'en atténuer la force sourde tant les huit plages qui le composent semblent se fondre les unes dans les autres en un tout indivisible, longues pistes aux contours flous d'une langueur frissonnante. Insaisissables, elles se drapent d'atours fantomatiques. Crépusculaire et parfois lugubre, l'album capte la beauté mystérieuse de ces déserts blancs. En résulte une bande-son d'où pulse un souffle glacial qui emporte tout, libérant des images puissamment évocatrices. L'écouter seul dans l'intimité d'une pièce avalée par l'obscurité en fermant les yeux tient de l'expérience d'un voyage aussi bien sonore que visuel, guidé par ces nappes froides qui paraissent s'étendre à l'infini pour finalement mourir peu à peu et se couler dans ces terres figées par un silence éternel... Reste que les mots manquent ou semblent vides face à une telle musique dont l'essence se révèle au final impossible à retranscrire fidèlement par l'écrit. D'une grande pureté de touches et de traits, "Istid" signe l'apogée créatrice de Northaunt. Plus que jamais, il illustre que la Dark Ambient ne s'explique pas car elle est une question de foi... (2015)
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