AU PIF

Abysmal Growls Of Despair | Abyss (2014)

















Projet n'ayant vu la nuit qu'en 2013, Abysmal Growls Of Despair maintiendra-t-il encore longtemps sa formidable productivité ? Il est bien entendu encore trop tôt pour le savoir.

Il n'en demeure pas moins que l'on ne peut que souligner et applaudir cette diarrhée créatrice qui secoue son unique membre lequel, en l'espace de quelques mois, a déjà enfanté quatre albums ! Les mauvaises langues argueront forcément que la quantité ne rime pas toujours – si ce n'est jamais – avec qualité. Les mêmes ne manqueront pas enfin d'affirmer que le funeral doom, chapelle qui accueille les prêches d'Abysmal Growls Of Despair, permet à bien des médiocres de cacher la vacuité de leur inspiration derrière le rideau d'atmosphères mortuaires qui tient lieu de socle au genre. Ils se trompent bien évidemment. Et doublement car le français témoigne, d'une part que l'on peut être un stakhanoviste inspiré et d'autre part que le funeral doom est un art au contraire exigeant qui ne pardonne pas la misère du talent. Abyss . D'une certaine manière, le titre de ce nouvel opus devrait suffire à vous convaincre de plonger corps et âme (surtout) dans les profondeurs ténébreuses de son intimité, rendant inutile toute tentative de description, d'analyse. Abyss donc, terme terrifiant dans ce qu'il renvoit comme images de mondes indicibles, d'obscurité froide et tentaculaire qui vous enveloppe avant de vous attirer au fond d'un gouffre sans fin. Autant l'avouer de suite, alors qu'on croyait déjà être allé aussi loin que l'on pouvait en terme de noirceur, Abysmal Growls Of Despair franchit encore un palier supplémentaire vers les abîmes, vertigineuse fosse des Mariannes sonore. Ces quatre pistes de plus de dix minutes au jus chacune (sauf la dernière d'entre elles) ont quelque chose de bathyscaphes s'enfonçant tout doucement dans les ténèbres. Dressant un pont entre Funeral Doom et Drone Ambient, "Only Dread And Fright" peut même être considéré comme un chef-d'oeuvre du genre, sentinelle effrayante qui résonne d'un écho funèbre. Alors qu'il semble ne jamais vraiment vouloir démarrer sinon progresser, seulement hanté par de lointains hurlements comme une bête appelant la mort, des grondements de guitare puis des nappes de claviers brumeux surgissent ensuite par petites touches successives. "Hang This Fucking Black FrockMan" surprend quant à lui par ses choeurs liturgiques peuplant ses sombres arcanes. Comme sa devancière, cette plainte ressemble à une interminables descente dans les profondeurs de la terre, secouée par les vibrations drone d'une guitare tellurique, long râle funèbre aussi désincarné que fascinant. Et que dire du bien nommé "Effondré", dérive de près d'un quart d'heure tellement hermétique que parler de doom parait dans son cas presque absurde, rumination monotone que traversent voix fantomatiques, notes squelettiques comme échappées d'un piano mortuaire et grondements drone aux allures de plaques tectoniques qui se chevauchent. Les emprunts classique (Beethoven, Gabriel Fauré), loin d'offrir une maigre échappée, participent au contraire d'une ambiance pesamment abyssale, noir d'encre dans lequel on ne peut que se noyer... Au bout du chemin, ce n'est pas la délivrance, la rédemption mais les Enfers. (12/09/2014 | La Horde Noire)




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire