Seconde album autoproduit, après Eponym, de Wormfood, Jeux d’enfants c’est déjà une savoureuse pochette très Walt Disney avec sa Alice au pays des merveilles qui vient visiblement de se faire fourrer par un vieux pervers, clochard de surcroît. Jeux d’enfants, c’est aussi des paroles délicieuses, (celles notamment de « Comptine », qui précède « Vieux pédophile » : « Je n’ai pas de bras et je n’ai pas de jambes. Je n’ai pas de tête mais j’ai une grosse branche. Je suis l’homme-tronc. Viens toucher du bois. Viens petit oiseau te poser sur ma branche ». Jeux d’enfants, c’est ensuite une intro, « Tramway », véritable leçon de français dégueulée par un SDF imbibé. Jeux d’enfants, c’est enfin une œuvre inclassable à la croisée des chemins, ceux d’un dark metal déglingué, d’un death metal bizarre et d’une avariété française sale comme des menstrues. C’est sombre comme le fond du cul, c’est tantôt chanté en français, tantôt en anglais et ce, au sein d’une même chanson ( !). Les bruitages, arrangements qui ne filent jamais droit (accordéon, claviers…) et voix hargneuses ou vicieuses (quel talent, ce El Worm !) grouillent et le tout ne ressemble à rien. Mais derrière le délire qui suinte la pourriture, le malsain, le stupre, la licence, Wormfood, sorte de Serge Gainsbourg s’il avait chié du metal, sait écrire des putains de titres qui tiennent la route, de « Bum Fight » à « Dark Mummy Cat » et surtout du noir « TEGBM » et son clavecin qui part de traviole à la superbe chanson d’amour « Love At Last » (« Bien assez discuté. Je ne supporte plus nos promenades au clair de lune, nos baisers et nos chastes caresses. Tout cela ne manque-t-il pas un peu de baise ? » et plus loin « A genoux petite pute, moi je vais t’apprendre à jouir » : quel romantisme !), sans oublier, bien entendu, « Vieux pédophile ». Ca ne s’invente pas. Forcément. Il y a vraiment quelque chose pourri, de sale dans ces comptines perverses, torchées par des artistes à la forte personnalité, dont la plupart ont joué avec Carnival In Coal, ce qui est un gage de grande originalité. Et de singularité. Jeux d’enfants en est la preuve, boîte de Pandore au goût de foutre, qui s’enfile aussi bien qu’une bite dans le cul de Jenna Haze. L’album sera par la suite réenregistré en 2005 avec des morceaux supplémentaires, un nouveau titre (France) et un nouveau visuel, moins politiquement incorrect, pour pouvoir être distribué par le label Code 666. Fort désormais d’un line-up encore plus solide, avec à la seconde guitare, Fred d’Ataraxie, ici dans un genre bien éloigné de son port d’attache habituel, le groupe devrait s’imposer comme une valeur sure de la culture française. Un nouvel essai est attendu pour le printemps. Vivement la suite donc… 3/5 (2008)
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