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KröniK | True Widow - Circumambulation (2013)


Il y a des indices qui ne trompent pas. L'écrin visuel de Circumambulation, qui confine à l'épure, en est un justement, simple visage féminin dont le profil se découpe sur un fond noir. Noir comme l'encre. Un peu à l'image finalement de la musique façonnée par True Widow que la récente signature chez Relapse (il était autrefois hébergé par Kemado, ce qui lui correspondait peut-être mieux) pourrait faire passer - à tort - pour un nouveau rejeton du Sludge Doom US. Ce qu'il n'est pas. Bien évidemment. Il y a chez ces Texans une singularité bizarre, une manière de sonner, à la fois pesante et déglinguée, léthargie sous psychotropes, qui les rend si différents et leur confère ce charme immédiat, cette saveur étrange, quasi métaphysique.
De là, aussi la difficulté de les étiqueter. Rock alternatif  et arty ? Indie Pop ? Post-punk ? Eux parle de Stonegaze. Pourquoi pas, d'autant plus que cette association à priori antinomique entre le Stoner et le Shoegaze, a au moins le mérite d'esquisser l'ambivalence d'une bande-son qui à la puissance rentrée du Doom conjugue la dimension éthérée d'un chant féminin sous acide, presque somnanbulique.      D'autres ont déjà tenté, avec plus ou moins de bonheur, cette fusion entre pesanteur et mélancolie veloutée - on pense par exemple à Ides Of Gemini - mais True Widow possède tout simplement une profondeur, une gravité qui n'appartiennent qu'à lui. Est-ce la voix spectrale de la bassiste Nicole Estill ? Est-ce la guitare désaccordée de DH Phillips qui par ailleurs seconde parfois la belle derrière le micro ? Sans doute un peu tout cela à la fois. Sorte de rêverie maladive, Circumambulation est la troisième offrande des Américains, déjà auteurs d'un galop d'essai éponyme en 2008, suivi trois ans plus tard de As High As The Highest Heavens And From The Center To The Circumference Of The Earth (?). On navigue tout du long dans un entre-deux, clair-obscur douloureux écartelé entre noirceur et lumière, entre rythmique lancinante et mortifère ("Creeper") et déambulation vaporeuse aux accents Pop-Ambient (le très beau "Four Teeth"). Mais toujours, la tristesse est là, prégnante, poisseuse, même au détour d'une pulsation instrumentale squelettique telle que "I:M:O". Tout y est englué dans une amertume contemplative qui ne s'estompe jamais vraiment. Circumambulation envoûte autant qu'il engourdit, creusant de profonds sillons dans la mémoire. Ses accords grêles et ce chant de sirène pétrifiée vous hanteront longtemps encore une fois l'écoute achevée... 3/5 (15/07/2013) | Facebock






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