Si à ses débuts, le label Napalm Records a pu bénéficier d'une certaine respectabilité dans les cercles extrêmes, notamment grâce à Abigor, Summoning ou bien encore Vintersorg, son catalogue tend désormais, à quelques notables exceptions prêts (Isole, Ahab...) bien souvent vers la série B, l'oeil rivé sur les modes et le tiroir-caisse. On prend peur dorénavant quand les Autrichiens signent un groupe de black metal car c'est rarement un gage de qualité. Hellsaw mérite pourtant mieux que cette vitrine dans laquelle se reflètent qui plus est des faces de goules barbouillées à la truelle. Comme il mérite mieux que cette étiquette "True black metal" que le label lui a collé sur la gueule. Point ici d'enregistrement cradingue capturé dans une cave ou d'un canevas primitif. Non, Hellsaw, dont Cold est le premier album pour Napalm (deux autres ont été enfantés avant), sculpte un black metal plus épique que true, drapé dans une production qui sans être trop propre évite le piège du son pollué et dégueulasse comme cache-misère. Et s'il reste fidèle à une certaine forme d'architecture dont les contre-forts sont ces riffs grésillants et granuleux, le groupe sait avec intelligence varier les plaisirs. Alors que le fulgurant "A Suicide Journey" (assurément le moment fort de cet opus), qu'introduit une guitare acoustique du plus bel effet et qui étire sa trame sur plus de huit minutes, a quelque chose d'une chevauchée à travers de vastes paysages ensanglantés, "Der Harzwald" est un drakkar qui sillonne les fjords scandinaves, cependant que les furieux "Cold Aeon", "The Black Death" ou "Moonrites Diabolicum" sont des saillies âpres qui ne font aucun prisonnier. Rapides, bien que toujours (trop ?) mélodiques, ces titres foncent pied au plancher mais Hellsaw n'est jamais aussi bon que lorsqu'il décide de serrer le frein à main, lorsqu'il se lance dans l'érection d'un tempo implacable ("I Saw Hell") et de soigner les ambiances à l'image du néanmoins véloce "Psycho Pastor", traversé par des riffs entêtants et vicieux ou du superbe "Ache", fracturé par de nombreux changements de rythmes. Bon, les Ayathollas feront certainement la moue et il est vrai que Cold, vierge de tout esprit sulfureux et cette froideur pourtant revendiquée avec sa poignée d'intermèdes symphoniques, renvoie une image finalement plutôt grand public du metal noir (certains ne partageront certainement pas mon avis), mais il ne faut pas trop bouder notre plaisir et reconnaître que l'ensemble se révèle sinon original du moins solide et sans bavure. Du travail bien fait quand bien même il ne risque pas de faire peur à grand monde si ce n'est peut-être à votre petite sœur de cinq ans... 3/5 (2009)
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