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KröniK | Faal - Abhorrence - Salvation (2008)


Certains affirment que les meilleures pochettes sont aussi les plus simples, les plus dépouillées. Si on part de ce postulat, qui somme toute se défend, alors celle qui habille le premier méfait de Faal est des plus réussies : noire et uniquement remplie par le logo du groupe. Néanmoins, une bonne pochette peut être aussi celle qui symbolise avec justesse le contenu musical dont elle est l'écrin. Et à nouveau, Abhorrence-Salvation se prête très bien à la démonstration car, à l'admirer, on sait d'entrée que l'on va avoir affaire à du charbonneux, du pesant, du granitique. Quatre pistes pour près de trois-quarts d'heure d'un funeral-doom-death minéral, telle est la sentence de cet opus sculpté par une formation dont les membres - ils sont six - animent la scène extrême hollandaise (Nibdem, In Age Of Sadness...). Moins célèbre que l'école britannique ou finlandaise, il existe pourtant un doom à la sauce batave. Il est généralement pachydermique, suffocant, froid comme ces plages de la Mer du Nord figées par l'hiver, grisâtre. Faal ne va certes pas aussi loin que Bunkur, la référence du genre au pays des moulins, dont le Bludgeon a fait exploser le compteur Geiger de la désolation suicidaire, mais il sait sans problème appuyer sur l'interrupteur et plonger dans une obscurité opaque tout ce qui l'entoure. Avec Abhorrence-Salvation, les invariants de cette chapelle funéraire sont honorés avec respect, à commencer par ce chant des cavernes et ses guitares sentencieuses rongées par une gangrène de rouille qui sécrètent un fluide d'une tristesse infinie. Le groupe prend son temps, au point même de parfois suspendre celui-ci, comme il sait le faire lors de l'agonisant, et donc très réussi, "Perpetual Solitude" où le batteur peut quasiment aller pisser entre deux coups de caisse claire qui résonnent comme les derniers battements de cœur du mourant. Faal y égrène pendant de longues minutes interminables, son désespoir terminal avec une sincérité exemplaire. Car ce n'est pas l'originalité qui permet de mesurer la qualité d'un album de doom, mais la sincérité justement. S'il est facile de larmoyer sa misérable existence comme peuvent le faire les gothiques des caniveaux, ça l'est en revanche beaucoup moins d'ériger un monument de douleur pétrifiée avec noblesse et gravité. Faal y parvient. "00:00", "In My Final Hour Of Grief", que vrillent des riffs d'une beauté triste et lancinante, le mortifère "The Scent Of Withered Flowers", et donc "Perpetual Solitude", sont des plongées abyssales dans les arcanes de la souffrance, d'une dépression sans fin. Un trou noir, qu'aucune lumière ne vient jamais éclairer. Autant dire que l'on sort de l'écoute de Abhorrence-Salvation, lessivé, usé, sapé par ses coups de boutoir témoins d'une fatalité, d'une inexorabilité à laquelle on ne peut échapper. Mais le funeral doom est une musique masochiste et on prend plaisir à s'abîmer au fond de ces plaintes douloureuses et belles à la fois pour qui y est sensible. C'est une question de vécu, de ressenti, tout simplement. 3.5/5 (2009)


                                   

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