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KröniK | Empire Auriga - Auriga Dying (2006)


On se doutait bien que cela n’allait pas tarder à arriver. De quoi ? Que le black metal en pleine puberté avec le slip qui le démange, se décide à sortir de sa cave pour aller frotter son dard jeune et vigoureux, rempli d’une sève abondante, auprès d’autres courbes musicales. La branlette solitaire, c’est bien mais on ne s’en satisfait qu’un temps. Proie évidente, la musique industrielle, qui charrie une même décrépitude, un souffle apocalyptique identique est celle qui lui ouvre forcément les cuisses vers ses méandres intimes. Bien qu’encore un peu puceaux, les deux Américains (Boethius pour les vocalises, 90000065B pour la programmation) planqués derrière Empire Auriga, tentent donc une pénétration, toutefois déjà préparée par d’autres avant eux (Aborym, Red Harvest, Tronus Abyss surtout, auquel on pense beaucoup à l’écoute de cette première copulation). Ca glisse bien, comme après de longs préliminaires. Auriga Dying est une œuvre effrayante, à la croisée de l’Art Noir, de l’Indus, voire du doom le plus déshumanisé, un peu à la manière du gigantesque Void Of Silence. Froide et martiale, la trame que déverse le groupe vous prend aux tripes. Par l’entremise de tout un travail sur les sons forgés par des transmissions désincarnées, elle est construite sur un socle essentiellement instrumental, que fissure parfois un chant lointain qui résonne tel un écho funeste. Auriga Dying est le portrait d’une urbanité pourrissante, paysages sans vie sans chaleur rongés par la lèpre industrielle de la modernité, par une vermine grise et visqueuse. Un profond malaise suinte de ces sept pistes que plombe un intense désespoir qui confine à une totale résignation. Une voie sans issue possible. Et quand survient le sinistre “ Waiting For The Fall ”, dont on a l’impression qu’il a été enfanté par le Burzum de Filosofem, c’est presque le glas qui sonne. Même guitares grésillantes et polluées, même enveloppe sonore, même gargouillis et surtout même atmosphère de désolation, de déliquescence terminale.  Coincée entre les marches militaires précédentes, cette plainte constitue le pivot de l’album qui ensuite s’abîme encore un peu plus dans une mélancolie suicidaire, dont le paroxysme est atteint lors du gouffre “ Dust & Ether ”, longue pulsation ambiant, trou noir sans fin d’une indiciable noirceur. Terrifiant certes, Auriga Dying n’en est pas moins riche d’une beauté insoupçonnée, glaciale et inquiétante. Empire Auriga peut maintenant se retirer,  l’orgasme a été atteint et de belle manière, l’éjaculation a libéré un fluide noir et poisseux. Nous attendons désormais de prochains ébats. Peut-être de nouvelles positions pourront être tentées… 3/5 (2008)


                                   

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