A l'instar de son compatriote et ami Dan Swanö, Rogga Johansson applique depuis ses débuts le fameux dicton sarkozien "travailler plus pour gagner plus". Stakhanoviste effréné, il est de ces musiciens qui ne peuvent se contenter d'une seule femme à reluire, même si au final c'est toujours un peu la même qu'ils lutinent : Paganizer, Ribspreader, Demiurg... Soit un death metal à l'ancienne, baveux et sans fioritures. De fait, le voir débouler en cette période automnale avec un nouveau projet (un de plus !) n'est en rien étonnant. Ce qui l'est davantage en revanche est la teneur de The 11th Hour, à savoir un doom death, style auquel il ne s'était pas encore frotté, certes bien caverneux mais aussi très mélodique. En fait, s'il se charge des voix d'outre-tombe, ce qu'il fait forcément très bien, ce n'est pas entre ses mains que repose l'âme du groupe mais dans celles de Ed Warby, connu avant tout comme batteur pour Gorefest, Hail Of Bullets, Demiurg (tiens donc) et que l'on découvre, avec ce premier essai, multi-instrumentiste de talent. Outre les fûts, le Hollandais s'est occupé d'à peu près tout, des guitares aux claviers en passant par le chant clair. Respect. Proposant six titres, Burden Of Grief se révèle être une oeuvre particulièrement intéressante en cela qu'elle dresse un pont entre doom lyrique, celui de Funeral et de toute la chapelle allemande (Dawn Of Winter, Mirror Of Deception) et descentes au fond de la Moria, dont le spéléologue est incarné par la gorge profonde du Suédois. Si la prise de son possède une grande clarté, il n'en demeure pas moins que lors des passages les plus funéraires, c'est un bloc de plomb qui s'écrase et fait trembler les parois de la grotte dans laquelle on s'enfonce, guidé par la voix lumineuse bien que voilée de désespoir de Warby. Longues mais pourvues d'un modelé dynamique, ces excavations dérivent dans des méandres écartelées entre éclaircies et dôme nuageux d'une noirceur minérale, à l'image du grandiose " Origins Of Mourning" et son final démentiel. Lentes, elles tissent des fils de tristesse qui ont la grosseur de câbles. Et quand elles se drapent d'un linceul funèbre ("Atonement"), elles libèrent alors des vibrations pétrifiées et sentencieuses. Jamais monolithique, Burden Of Grief grave au burin des brèches atmosphériques superbes ("One Last Smoke", Longing For Oblivion" et ses dernières mesures empreintes de gravité qui résonnent comme un adieu) d'où ruissèlent des notes de claviers discrètes mais qui participent du tapi mortuaire que les deux musiciens étendent avec une maîtrise du genre incroyable. Ces six complaintes poissées d'une inexorabilité infinie, sont d'une richesse qui leur permet d'être fascinantes à suivre malgré une issue que l'on devine, toujours tragique. Une leçon de doom et un projet prometteur dont on espère qu'il ne restera pas sans descendance. Un des meilleurs album de doom de l'année 2009, tout simplement. 4/5 (2009)
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