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HDK | System Overload (2009)


















Alors, le voilà donc ce fameux projet baptisé HDK (pour Hate Death Kill) dont on entend parler depuis un bon moment, objet de toutes les spéculations.

Nous étions nombreux à nous interroger quant au contenu musical d’un album annoncé comme moderne, plus brutal que After Forever - l'autre groupe de Sander Gommans dont HDK est le bébé – et animé par des guests de choix (André Matos, Arjen Anthony Lucassen…). Peu d’informations ont filtré jusqu’à la veille de sa sortie de ce System Overload où tout s’est soudain emballé : un premier extrait en écoute sur MySpace (« Request ») et surtout l’annonce du split de ce qui était alors le principal port d’attache du guitariste. Désormais HDK est le seul groupe du Hollandais violent. Alors qu’en est-il finalement ? Qu’est-ce qu’elle a dans le ventre, la bête ? Et bien, les premières écoutes s’avèrent assez décevantes car on a tout d’abord du mal à voir où veut en venir le Sander. Courtes mais denses et remplies jusqu’à la gueule, les chansons donnent l’impression de vouloir partir dans toutes les directions. Ce n’est que peu à peu que le disque fait son trou, que sa richesse, tout d’abord confondue avec une indigestion de notes, se dévoile enfin. Bon d’accord, me direz-vous, mais HDK, c’est quoi en fin de compte ? D’une certaine manière, HDK est annoncé comme le fruit d’un duo, celui formé par le guitariste donc et de la chanteuse Amanda Somerville (chargée de l’aider pour les lignes vocales), peu connue du grand public mais que les plus observateurs d’entre vous auront certainement remarqué chez Aina ou Epica. Toutefois, sa collaboration au projet ne doit surtout pas vous tromper. HDK ne se nourrit absolument pas du même humus que After Forever. Si la belle a coécrit toutes les chansons de cet album, son organe vocal, pourtant aussi sublime que sa plastique, reste finalement des plus discrets. Non System Overload braconne sur les terres d’un thrash metal moderne, auquel viennent se greffer de nombreux emprunts à d’autres genres (gothic, progressif, death…).

Cette orientation ne surprend pas vraiment de la part de Gommans si on se souvient que le dernier opus d’After Forever, assez musclé et plus heavy metal que symphonique, avait pour invités Jeff Waters (Annihilator) qui venait taper un solo et Doro. D’ailleurs, il y a beaucoup du Annihilator contemporain sur ce premier jet, notamment sur le titre d’ouverture dont la similitude vous pète à la figure d’entrée de jeu. Il faut aussi reconnaître au guitariste la capacité à changer de style. Et le courage de le faire. Car combien il lui aurait facile de se contenter d’écrire dans la veine du gothic sympho à chanteuse qui l’a rendu célèbre pour être certain de se mettre dans la poche des fans de After Forever. Ceci dit, HDK ne devait être au départ qu’un side-project et quel aurait été l’intérêt de faire la musique avec deux groupes différents ? Dans ce nouveau registre, Sander s’en sort bien et je ne suis pas sûr qu’un Mark Jensen (Epica) ou un Tuomas Holopainen (Nightwish) parviendraient avec une telle réussite à s’éloigner de leur style de prédilection. Très loin donc de son registre habituel, Gommans accouche d’un essai puissant et intense où s’accouple une forme de brutalité certaine avec cette touche mélodique à laquelle il demeure néanmoins fidèle. Tous ne s’y retrouveront pas, c’est évident mais pour peu que l’on essaye de comprendre la démarche du maître des lieux, on prendra alors plaisir à s’envoyer dans les cages à miel ce System Overload de première bourre, riche d’un paquet de cartouches qui font mouche. L’album s’ouvre sur une triplette irrésistible qui fait parler la poudre (« System Overload », « Request », à la rythmique implacable et « Let Go »). Après un « Terrorist » bien furieux également, succède un des sommets de l’écoute, le magnifique « Pedestal », qui donne l’impression d’avoir à faire à un After Forever qui aurait absorbé du Viagra par boîte de douze. Du reste, Sander n’oublie pas d’où il vient, comme le démontre le monumental « Breakdown », manière de leçon qui justifie à lui seul l’achat de cette cuvée. Avec son chant féminin à la Evanescence (superbe Amanda Somerville) et ses grognements masculins, il est une tentative réussie de modernisation, de dépoussiérage en règle de la formule qui a fait la réussite du genre auquel ses géniteurs sont arrimés. Mon dieu, quelle claque ! En l’espace de cinq minutes et avec une classe folle, Sander vient donner un bon coup de pied au cul d’une scène désormais embourbée dans la médiocrité et la vulgarité. A ce tableau de chasse, il ne faudrait pas non plus occulter «March », qui débute par une intro belle à en pleurer avant de tout dézinguer sur son passage tel un panzer lors de l’invasion de la Pologne, « Perfect », illuminé par la voix de la blonde et par un solo très queenien ou bien encore le bouquet final foisonnant « Fine Lines », auberge espagnole cependant toujours digeste. Avec HDK et ce premier essai surprenant, Sander Gommans vient prouver de manière éclatante quel grand musicien, doublé d’un compositeur excellent, il est, ce que, il est vrai, on savait déjà, eu égard à ce qu’il laisse derrière lui avec les cinq albums longue durée d’After Forever. L’avenir semble radieux pour lui… (2009)



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