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Mortuus Infradaemoni | Imis Avernis (2009)



















Si je vous dis Mortuus Infradaemoni : ce nom ne vous évoquera peut-être pas grand chose. En revanche, Lunar Aurora, beaucoup plus. Et bien, Mortuus Infradaemoni en agglomère plusieurs membres, dont Nathaniel et Profanatitas.

S'il braconne de temps en temps lui aussi, bien que très timidement toutefois, dans les méandres de la dark ambient (quelques bidouillages éparses peuvent l'invoquer, comme lors de la courte outro "Animatus"), ce nouveau projet, dont Imis Avernis est le second méfait, forge un black metal essentiellement rapide et d'une intensité cataclysmique. Ceci dit, les Allemands reste fidèle à un format XXL, hérité de Lunar Aurora et n'a donc pas besoin de Viagra pour dresser des compositions d'une longueur souvent insolente qui oscille entre 6 et 11 minutes. Implacable et fiévreuse ("Bastard" où le chant n'est qu'un écho lointain, étouffé), leur musique renvoie à la face des âmes tourmentées une impression de densité extrême, de saturation toujours proche de l'explosion. Elle est construite sur une stratigraphie de couches de guitares grésillantes qui bouffent tout l'espace sonore ("Obscuritas Ubique Et In Aeternum"), encadrées par une batterie qui blaste plus vite que le lapin Duracel, ce qui confère à cette trame une dimension vertigineuse et quasi instrumentale tant les cris écorchés semblent toujours plus proche d'un magma grouillant que de lignes vocales à proprement dit.

Corollaire de cette architecture massive et lourde, Imis Avernis se veut une oeuvre parfois au bord de l'apoplexie dont on sort exsangue sans avoir bien tout compris. Un pilonnage en règle, d'autant plus éreintant qu'il est appliqué par des musiciens qui n'ont de leçon à recevoir de personne en matière de dératisation sonore. Mais les coups de boutoir supersoniques, c'est bien mais savoir ralentir le tempo, quitte à repartir après comme en 14, c'est pas mal non plus. Et comme toujours, Mortuus Infradaemoni atteint véritablement sa cible lorsqu'il se décide à serrer le frein à main pour entamer une décélération effrayante, témoin l'intro burzumienne de "Darkland", ce "Mortuus Infradaemoni" démoniaque, le lancinant et incantatoire "Mortuus Et Prodeunt Infradaemoni" et plus encore "Der Tod", longue descente aux enfers qui du haut de ses 11 minutes étend un voile mortifère d'où ruisselle un sentiment maléfique, dont le vecteur sont ces riffs maladifs. D'ailleurs, quand les Allemands ouvrent les vannes libérant un fluide malsain et chargé de vibrations négatives ("Doresh El Ha'metim"), ils parviennent à renouer avec l'esprit fielleux qui guidait les Grands Anciens. Imis Avernis est donc un album impressionnant qui devrait faire bander ceux qui aiment lorsque le black metal rime avec vitesse et climat étouffant. On regrettera toutefois un manque de diversité qui lui aurait permis d'atteindre totalement le point G. Mais cette linéarité est sans doute voulue et revendiquée par un groupe qui recherche avant tout la brutalité épidermique plutôt que le point de croix... (13.05.2009)

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