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Suffering Hour | Dwell (2019)



















Les voies du doom sont impénétrables et peuvent même mener au death. Alors quand les doomeux de Wicked Inquisition (deux d'entre eux du moins) décident de franchir le Rubicon, ils se réunissent sous le nom de Suffering Hour après s'être baptisés Compassion Dies entre 2011 et 2013.

Si "Foreseeing Exemptions To A Dismal Beyond", ne nous avait guère impressionné, EP maladroit aux allures de brouillon, "In Passing Ascension" a commencé à révéler un potentiel jusque là bien caché. Nous étions pourtant loin d'imaginer que le trio pourrait un jour accoucher d'œuvre aussi colossale que "Dwell". Mieux, c'est un groupe transcendé qui dresse ici sa massive inspiration dans toute sa noire turgescence. L'opus épouse à nouveau le format d'un EP, ce qui ne signifie pas que son auteur a choisi la facilité. Au contraire. Et doublement. Premièrement parce qu'une seule et unique piste en remplit l'intérieur, étirant sur plus de dix-huit minutes ces ramifications tentaculaires. Deuxièmement car les Américains ont corsé l'exercice en réduisant le chant à de rares et caverneux borborygmes, jaillissant à intervalles irréguliers d'une masse avant tout instrumentale. Ô combien casse-gueule car grand est alors le risque de s'égarer dans les méandres d'un labyrinthe dont seul ses créateurs possèdent la clé, la démarche se solde contre toute attente par une composition cyclopéenne.

De dédale noueux, il est pourtant bel et bien question mais Suffering Hour réussit à nous embarquer avec lui, nous guidant à travers les boyaux sinistres de cet édifice souterrain et vicié. Guitares reptiliennes qui ne filent jamais droit et batterie qui phagocyte l'espace s'accouplent dans le fracas ténébreux d'atmosphères malsaines. Peu à peu, après une lente entame qui semble graviter au-dessus d'un gouffre sans fond, 'Dwell' déroule son architecture torturée qui l'entraîne aux confins du black le plus tourmenté, celui d'un Deathspell Omega par exemple. Tout d'abord lancinant, quasi figé dans la terre, le titre passe ensuite la seconde au bout de quatre minutes. La rapidité du tempo se double d'une complexité rythmique vertigineuse. Les cassures, nombreuses, se succèdent, perforant une trame mitée par un sourd désespoir. Si plusieurs parties se dessinent, le morceau se répand néanmoins en un maillage massif jusqu'à une issue chaotique au bord de l'apocalypse. Epique et grumeleux, "Dwell" expose un Suffering Hour qu'on n'aurait pas cru capable d'une telle réussite. Reste à voir quelle suite les Américains apporteront à cet ambitieuse exploration... (08.05.2019)

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